jeudi 27 novembre 2008

THANKSGIVINGS PAST: A French connection

By Kenneth C. Davis

To commemorate the arrival of the first pilgrims to America's shores, a June date would be far more appropriate, accompanied perhaps by coq au vin and a nice Bordeaux. After all, the first European arrivals seeking religious freedom in the "New World" were French.

And they beat their English counterparts by 50 years. That French settlers bested the Mayflower Pilgrims may surprise Americans raised on our foundational myth, but the record is clear.

Long before the Pilgrims sailed in 1620, another group of dissident Christians sought a haven in which to worship freely. These French Calvinists, or Huguenots, hoped to escape the sectarian fighting between Roman Catholics and Protestants that had bloodied France since 1560.

Landing in balmy Florida in June of 1564, at what a French explorer had earlier named the River of May (now the St. Johns River near Jacksonville), the French émigrés promptly held a service of "thanksgiving." Carrying the seeds of a new colony, they also brought cannons to fortify the small, wooden enclosure they named Fort Caroline, in honor of their king, Charles IX.

In short order, these French pilgrims built houses, a mill and bakery, and apparently even managed to press some grapes into a few casks of wine. At first, relationships with the local Timucuans were friendly, and some of the French settlers took native wives and soon acquired the habit of smoking a certain local "herb." Food, wine, women - and tobacco by the sea, no less. A veritable Gallic paradise.


Except, that is, to the Spanish, who had other visions for the New World. In 1565, King Philip II of Spain issued orders to "hang and burn the Lutherans" (then a Spanish catchall term for Protestants) and dispatched Admiral Pedro Menéndez to wipe out these French heretics who had taken up residence on land claimed by the Spanish - and who also had an annoying habit of attacking Spanish treasure ships as they sailed by.

Leading this holy war with a crusader's fervor, Menéndez established St. Augustine and ordered what local boosters claim is the first parish Mass celebrated in the future United States. Then he engineered a murderous assault on Fort Caroline, in which most of the French settlers were massacred.

Menéndez had many of the survivors strung up under a sign that read, "I do this not as to Frenchmen but as to heretics." A few weeks later, he ordered the execution of more than 300 French shipwreck survivors at a site just south of St. Augustine, now marked by an inconspicuous national monument called Fort Matanzas, from the Spanish word for "slaughters."

With this, America's first pilgrims disappeared from the pages of history. Casualties of Europe's murderous religious wars, they fell victim to Anglophile historians who erased their existence as readily as they demoted the Spanish settlement of St. Augustine to second-class status behind the later English colonies in Jamestown and Plymouth.

But the truth cannot be so easily buried. Although overlooked, a brutal first chapter had been written in the most untidy history of a "Christian nation." And the sectarian violence and hatred that ended with the deaths of a few hundred Huguenots in 1565 would be replayed often in early America, the supposed haven for religious dissent, which in fact tolerated next to none.

Starting with those massacred French pilgrims, the saga of the nation's birth and growth is often a bloodstained one, filled with religious animosities. In Boston, for instance, the Puritan fathers banned Catholic priests and executed several Quakers between 1659 and 1661.

Cotton Mather, the famed Puritan cleric, led the war cries against New England's Abenaki "savages" who had learned their prayers from the French Jesuits. The colony of Georgia was established in 1732 as a buffer between the Protestant English colonies and the Spanish missions of Florida; its original charter banned Catholics.

The bitter rivalry between Catholic France and Protestant England carried on for most of a century, giving rise to anti-Catholic laws, while a mistrust of Canada's French Catholics helped fire many patriots' passion for independence. As late as 1844, Philadelphia's anti-Catholic "Bible Riots" took the lives of more than a dozen people.

The list goes on. Our history is littered with bleak tableaus that show what happens when righteous certitude is mixed with fearful ignorance. Which is why this Thanksgiving, as we express gratitude for America's bounty and promise, we would do well to reflect on all our histories, including a forgotten French one that began on Florida's shores so many years ago.

Kenneth C. Davis is the author of "America's Hidden History: Untold Tales of the First Pilgrims, Fighting Women and Forgotten Founders Who Shaped a Nation."

----

Saint Augustine est la plus ancienne ville des États-Unis, fondée par les Espagnols en 1565 après avoir été conquise sur les Français par l'amiral espagnol Pedro Menéndez de Avilés. Comme c'était le jour de la fête de Saint Augustin (le 28 août), l'endroit prit le nom de l'évêque d'Hippone (en latin « Hippo Regius » est le nom antique de la ville de Bône ou Annaba, se trouvant au Nord-Est de l'Algérie). En fait, les Français avaient déjà fondé sur place un poste l'année précédente. Les Espagnols, ne voulant pas d'une présence française en Floride si proche de leurs colonies, les en délogèrent et décidèrent d'occuper les lieux en permanence.
Après plusieurs tentatives ratées de colonisations espagnoles, les Français débarquèrent en Floride. Le 30 avril 1562, Jean Ribault, mandaté par l’amiral Coligny, reconnu la côte de la Floride et remonta vers le nord jusqu'au fleuve St Johns, près de Jacksonville. On y leva une colonne avec les armoiries de la reine Catherine. Plus au nord, Ribault s'établit sur Parris Island en construisant une habitation qu'il nomma « Charlesfort », en l'honneur du roi Charles IX. Pedro Menéndez de Avilés vint expulser les Français des terres du roi d'Espagne.

Lors d'une seconde tentative de coloniser la Floride, Laudonnière prenait la direction d'une expédition constituée de 300 personnes. Ils y construisirent le Fort Caroline sur la rive de la rivière St. Johns, ce qui, à juste titre, peut être considéré comme les débuts de Saint Augustine. La prise du lieu par les Espagnols termina la guerre entre la France et l'Espagne pour le contrôle de la Floride.

La ville fut attaquée et incendiée par Francis Drake en 1586. Elle subit les assauts des Anglais en 1702 et en 1740 depuis la Caroline du Sud. En 1763, le traité de Paris met fin à la guerre de Sept Ans et fait passer la Floride dans les mains de la Grande-Bretagne. Le traité de Paris de 1783 met fin à la guerre d'indépendance et redonne la Floride aux Espagnols, jusqu'en 1821 (traité d'Adams-Onís).

http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Augustine

mercredi 26 novembre 2008

LE COUP D’ECLAT DE LA FRANCE DANS LA GUERRE D’INDEPENDANCE DES ETATS-UNIS

L’EPOPEE DE YORKTOWN

Pascal Adjamagbo, Maître de Conférences à l’Université Paris 6

A la suite du temps fort de l’histoire commune de la France et des Etats-Unis encore illuminé par l’éclat du faste de la célébration du 60-ième anniversaire du débarquement des Forces Alliées en Normandie le 6 juin 1944 par lequel « La France doit sa survie aux Etats-Unis », et du temps fort du patriotisme américain à la faveur de la 228-ième commémoration de la « Déclaration d’ Indépendance » le 4 juillet 1776 de la nation qui devait devenir deux siècles plus tard «l’ hyper-puissance unilatérale » (1) grâce à son irruption spectaculaire sur la scène internationale ce « Jour-J », qu’il soit permis à l’universitaire et chercheur français que je suis de projeter les lumières de la mémoire écrite et de la raison objective sur l’irruption non moins spectaculaire de la France sur la scène de la « Guerre d’Indépendance des Etats-Unis », écrivant ainsi dans les annales de l’histoire les pages glorieuses de « l’épopée de Yorktown » par laquelle « Les Etats-Unis doivent la vie à la France ».

Mais contrairement à la plupart des ouvrages et articles qui foisonnent sur le sujet, nous avons choisi de privilégier les « faits irréfutables », tant pour les Français que les Américains, et de nous interdire les « procès d’intention » trop souvent intentés aux divers acteurs de cette épopée, à tort ou à raison. Pour terminer, nous voudrions attirer l’attention des responsables des diplomaties françaises et américaines sur les conclusions pratiques qui s’imposent à la lumière de cette analyse.

Après des revendications insistantes de « décentralisation économique et politique » par les colons britanniques de certaines colonies britanniques d’Amérique du nord à partir de 1775, la maladresse, l’intransigeance et la répression sanglante de la part de la tutelle coloniale a progressivement et inéluctablement amené les treize colonies britanniques de l’Amérique du nord à l’exception du Canada à proclamer unilatéralement leur indépendance à Philadelphie le 4 juillet 1776, provoquant et défiant aussi imprudemment l’une des plus grandes puissances militaires et économiques de l’époque. Cette révolte de « rebelles britanniques » aurait sans doute fini par être « noyée dans le sang » , malgré la bravoure de l’armée de fortune crée en juin 1775, dirigée par Georges Washington et composée de miliciens mal formés et mal équipés plutôt que de soldats aguerris et dont le nombre volatil oscillera entre 17 000 en juillet 1775 et 3 000 en fin 1776. Compte tenu des rapports de forces en jeu, c’est inévitablement ce qui se serait passé si la France n’avait pas volé au secours des « insurgés » pour opposer à la puissance militaire britannique une puissance de feu comparable, notamment avec des moyens navals décisifs dont ne pouvaient rêver de disposer les « rebelles » et qui finiront par obliger la Couronne britannique à reconnaître et à accepter la « perte » de ses colonies d’Amérique à l’exception du Canada, par un traité de paix « officiel » signé à Paris le 3 septembre 1783. C’est ce que Georges Washington lui-même a écrit « noir sur blanc » en connaissance de cause dans une lettre adressée à l’Ambassadeur de France aux Etats-Unis en septembre 1780 en ces termes : « Je n’ai pas besoin d’arguments pour vous convaincre des extrémités où nos affaires s’acheminent et de la nécessité de les soutenir…Vous savez que si nous sommes seuls, nous serons impuissants à chasser les Anglais, même à arrêter leur marche » d’après les sources du Général d’Armée Gilbert Forray, ancien Chef d’Etat-Major de l’Armée de terre française, dans une passionnante conférence à La Sorbonne (2).

Quand Washington écrivait ces lignes d’une importance historique et cruciale pour l’avenir des Etats-Unis, quatre années s’étaient déjà écoulées depuis que, quelque jours après la « déclaration d’indépendance » et suite à l’action diplomatique efficace de Benjamin Franklin, la France avait accordé aux « insurgés » une première aide substantielle gratuite de munitions d’ un million de livres. Dès cette même année 1776, Beaumarchais avait créé la compagnie « Roderigue et Hortalès » pour livrer à l’armée américaine avec le soutien du gouvernement français plus de 20 000 fusils et 200 canons pour lesquels les Etats-Unis ne règleront leur dette à la famille de Beaumarchais que longtemps après sa mort (2). Par ailleurs, à l’instar d’une centaine d’officiers volontaires français, Lafayette, alors âgé de 21 ans et Colonel de l’Armée française, avait déjà offert gratuitement par idéalisme ses services d’encadrement militaire à Washington qui l’avait adopté pratiquement comme son fils et l’avais nommé en 1777 général de division de l’armée américaine, avec sous ses ordre plusieurs généraux de cette armée, (2 ) et (3). De leur côté, les britanniques avait bénéficié déjà du renfort de 8 000 mercenaires allemands venus grossir les rangs de la troupe de 32 000 hommes avec lesquels le général anglais Howe débarqua au New Jersey le 29 juin 1776 pour aider les « tuniques rouges » à « mater » les rebelles et à « rétablir l’ordre britannique » dans ses colonies (4 ).

Cette toute première série d’aides françaises en matériels et en volontaires furent sans doute cruciales dans « le premier tournant décisif de cette guerre : le coup de tonnerre de Saratoga » (2 ) où 5 800 hommes de l’armée britannique durent se rendre à une troupe de l’Armée américaine commandée non pas par Washington, mais le général de division Horatio Gates le 17 octobre 1777(4 ). Cette victoire inespérée des Américains encouragea la France à officialiser son soutien par la reconnaissance des Etats-Unis le 17 décembre 1777 et la signature avec les Etats-Unis le 6 février 1778 d’un « traité d’amitié et de commerce » et d’un « traité d’alliance », garantissant militairement l’existence des Etats-Unis, mais interdisant explicitement aux signataires de nouer ou de conclure des négociations séparées avec l’ennemi commun, la Couronne britannique.

Par ces deux traités, conformément à l’adage selon lequel « c’est dans l’adversité (sous-entendu que l’on subi et non l’agression que l’on porte au mépris du droit au nom de la raison du plus fort) que l’on reconnaît les vrais amis », la France occupe donc une place historique, unique et indiscutable comme une « amie et alliée de première heure » de la future « hyper-puissance unilatérale » dont la France n’a jamais été une « ennemie », comme l’a judicieusement rappelé l’Ancien Premier Ministre français Lionel Jospin dans un article récent « fort tempéré » sur « la relation franco-américaine » (5). On ne saurait en dire autant de la Couronne britannique, « l’ennemi congénital » des Etats-Unis qui apparemment n’a pas eu des scrupules à troquer son statut de « puissance de tutelle coloniale » des futurs Etats-Unis contre celui de « vassal et valet » des Etats-Unis, conformément à la fameuse déclaration de Churchill au Général de Gaulle à Londres le 4 juin 1944 à propos du plan américain d’une administration militaire de la France après sa « libération », avec l’appui d’un « dollar français » de circonstance : « sachez-le, général ! chaque fois qu’il nous faudra choisir entre l’Europe et le Grand Large, nous serons toujours pour le Grand Large. Chaque fois qu’il me faudra choisir entre vous et Roosevelt, je choisirai Roosevelt » ( ). La signature de ce traité d’alliance entre la France et un pays en guerre depuis trois ans déjà avec la Grande-Bretagne était indiscutablement à la fois « une déclaration implicite de guerre » de la France à la Couronne britannique annonçant clairement l’imminence de « la déclaration explicite » survenue finalement le 10 juillet 1778, et la raison objective de la nouvelle entrée en guerre de la France contre son ennemi héréditaire depuis Jeanne d’Arc et la « guerre de cents ans », quelque soient les arrières pensées que l’ont peut lui prêter et qui ne manquaient pas, à l’exemple de celles que l’on peut prêter aux Etats-Unis pour leur irruption sur la scène européenne de la seconde guerre mondiale.

En effet, dès mars 1778, ce fut déjà la rupture diplomatique entre la France et la Grande-Bretagne, après des échanges de tirs entre quelques unités de leurs flottes de guerre. La France en saisit l’occasion pour envoyer en Amérique dès le 13 avril suivant une flotte de 17 vaisseaux commandée par le Vice-Amiral Comte d’Estaing. Rien que la nouvelle de ce danger poussa l’armée britannique occupant Philadelphie depuis septembre 1777 à évacuer la ville le 18 juin, de peur que la puissante flotte française ne brise sa liaison maritime stratégique avec New-York (4). A l’arrivée en Amérique de cette flotte et aussi de celle envoyée par la France quelque mois plus tard sous le commandement du Comte d’Orvilliers, ainsi qu’à l’arrivée aux Caraïbes en 1780 de la flotte commandée par le Comte de Guichen, « les résultats ne seront pas décisifs, mais ne seront pas négligeables en obligeant l’Angleterre à disperser ses moyens », selon l’appréciation du Général Forray (2). Mais cette pression créée et entretenue par les forces navales françaises sur celles de la Couronne britannique s’est révélée une stratégie très efficace et très profitable aux Etats-Unis.

Le paroxysme de cette pression a été la tentative réelle ou le coup de bluff de l’armée française d’envahir l’Angleterre, avec l’aide de la marine alliée espagnole, en entretenant habilement en 1778 puis en 1779 les bruits de bottes d’une troupe impressionnante de 40 000 hommes amassés en Normandie (2). Quel que soient les calculs qui ont présidé à cette stratégie, celle-ci a eu pour effet objectif de contraindre l’essentiel de la « Royal Navy » à rester en Europe, alors qu’une partie non négligeable envoyée en Amérique aurait largement suffit à y rétablir l’autorité de la Couronne britannique. Pendant ce temps, la stratégie française a eu l’audace et le coup de génie de tromper à deux reprises et à ses risques et périls la vigilance de la « Royal Navy » pour envoyer aux combattants américains de la Liberté deux puissantes armadas avec un effectif total d’environ 10 000 hommes qui, après avoir bravé durant plus de trois mois les risques d’attaque et de destruction de la part de la « Royal Navy », devaient porter à l’armée britannique « le coup grâce de Yorktown » le 19 octobre 1781, qui restera dans les annales de l’histoire des Etats-Unis comme « le coup d’éclat le plus spectaculaire de la Guerre d’Indépendance » qui est en fait « le coup d’éclat le plus spectaculaire de la stratégie des troupes françaises dans la Guerre d’Indépendance des Etats-Unis », coup d’éclat dont l’éclat en fait « une des étoiles les plus brillantes du firmament de l’histoire des Etats-Unis », pouvant inspirer un des plus grands succès des productions de Hollywood, comme nous verrons bientôt le Père-Fondateur des Etats-Unis le confirmer.

En effet, en mai 1780, le moral du restant des troupes américaines était au plus bas. Ils venaient de subir leur pire défaite de toute la « Guerre d’Indépendance » avec la capture par les forces britanniques de la garnison américaine de Charleston composée de 5 400 hommes. Quelques jours après, Washington dû mater , au prix de la pendaison de deux meneurs, une mutinerie sérieuse de deux régiments de sa garnison de New Jersey pour des arriérés de paiements de salaires et de rations alimentaires. Huit mois plus tard, sentant déjà le vent tourner en leur défaveur depuis « le coup de tonnerre de Saratoga », le « congrès Continental » américain avait déjà mandaté en vain John Adams pour négocier la paix avec les Britanniques qui sans doute préféraient « écraser » les « insurgés » des colonies britanniques d’Amérique (4). C’est le moment que choisit la France pour « abattre ses cartes maîtresses » et pour remettre du baume au cœur à ses amis américains. La tactique habituelle de la marine militaire britannique en cas de guerre avec la France était de maintenir des flottes d’une puissance écrasante à l’entrée des deux principaux ports français, Brest sur l’Atlantique et Toulon sur la Méditerranée. Quand une flotte française se hasardait à prendre la mer, elle était impitoyablement poursuivie pour être détruite. Bravant ce danger, la marine militaire française réussit à tromper la vigilance de la « Royal Navy » et à faire sortir du port de Brest en mai 1780 une flotte impressionnante sous les ordres de l’Amiral d’Arzac de Ternay. Après un premier affrontement victorieux le 20 juin 1780 près des Bermudes avec une flotte britannique sous le commandement de Charles Cornwallis, préfigurant ainsi « le coup de grâce de Yorktown » par lequel le même Charles Cornwallis devait être définitivement défait, comme le raconte si bien le Général Forray, « le 12 juillet 1780, l’escadre de l’Amiral de Ternay entre dans la rade de Newport, portant à son bord 6 000 hommes, sous les ordres du Lieutenant-Général Comte de Rochambeau. Le Duc de Bourgogne, vaisseau amiral, le Janson, le Conquérant, l’Eveillé, le Nepturne, l’Ardent et le Magnanime carguent leurs lourdes voiles et jettent leurs ancres dans des gerbes d’écumes. Ils sont suivis de 36 bâtiments de commerce, d’où débarquent le lendemain l’élite des régiments de France : Bourdonnais, Soissonais, Saintonge, Royal Deux-ponts, Hussards de Lauzun, Auxonne, avec ses 80 pièces d’artillerie. Pour le corps de Rochambeau, les logisticiens avaient bien travaillé : les navires transportaient 2.650 000 livres de munitions, 25 000 boulets, 4 000 bombes, 15 000 quintaux de farines, 2 250 quintaux de lard, 6 000 capotes, 10 000 paires de souliers, 3 000 pintes d’eau de vie, 4 0000 de vinaigre …Il fallut cependant attendre un an avant que le corps de Rochambeau puisse intervenir effectivement…Il faudra attendre l’arrivée de l’escadre de l’Amiral de Grasse avec 20 vaisseaux pour pouvoir, enfin, se mesurer aux Anglais en Amérique et permettre la victoire de Yorktown. Alors pendant un an, les Français occupent Newport, fraternisent avec les Américains, s’entraînent sous l’œil sévère et paternel de Rochambeau. En parcourant aujourd’hui les rues du vieux Newport, on remarque les plaques apposées sur les murs des maisons, qui rappellent le séjour des Français : Rochambeau à Vernon-House dans « Clarke and Mary Street », en face, à Robert Stephens-House, les aides de camp, Dumas, Fersen qui a voulu mettre l’Atlantique entre lui et les rumeurs pour son attachement à la Reine. Dans l’Eglise est enterré l’amiral de Ternay qui n’a pas supporté cette longue attente. Les Anglais rôdent au large, ils n’attaquent pas dans les premières semaines. Après, c’est trop tard, Newport est fortifié. Mais le printemps arrive et tout va changer »( 2).

En effet, profitant d’une baisse de vigilance de la marine britannique au large de Brest, une flotte de 29 vaisseaux de ligne purent, sous le commandement du Lieutenant-Général François J. Paul, Marquis de Grasse-Tilly, Comte de Grasse, quitter Brest le 22 mars 1781 d’abord pour les Antilles, mais avec la mission de se trouver au large des côtes américaines en juillet ou en août. Pendant ce temps, Washington mettait au point sa stratégie pour porter un coup fatal à « l’ennemi britannique » avec l’aide sans prix de la puissance navale de « l’ami et allié français ». Comme écrit dans l’Encyclopédie américaine Encarta, « Washington savait que les armées britanniques ne pouvaient pas rester très longtemps à l’intérieur du pays et qu’il leur fallait toujours rejoindre les côtes pour se ravitailler. Il avait patiemment essayé de coincer l’armée britannique entre les forces terrestres américaines et une flotte française au large de la côte. Si ce piège pouvait durer assez longtemps, les forces américaines seraient en mesure de contraindre les Britanniques à se rendre en masse. Franklin avait bien fait comprendre l’importance de cette idée au gouvernement français »(4). Washington voulait donc saisir l’occasion tant rêvée de la présence des forces françaises pour mettre à exécution son plan à New York même, objectif hautement symbolique, mais fortement défendu par une puissante troupe britannique de 10 000 hommes sous le commandement du Général Clinton, renforcée par des mercenaires allemands au nombre de 3 000, avec un renfort potentiel de 8000 hommes basés à Yorktown sous le commandement de Cornwallis et reliés par liaison maritime avec New York. Après la multiplication des mutineries dans les garnisons américaines et des défaites dans les affrontements avec les Britanniques, pressé par les événements préoccupants, Washington tint un conseil de guerre avec Rochambeau le 21 mai 1781 dans une localité à mi-chemin entre Newport et New York. Au cours de ce conseil, Washington tenta d’imposer à Rochambeau son plan d’attaque de New York avec les forces alliées franco-américaines, plan que Rochambeau, avec son expérience de « vieux routier » et « fin diplomate », au fond de lui n’a jamais accepté, l’estimant trop risqué et lui préférant le plan d’attaque de la troupe des Britanniques à Yorktown, ce petit village de la Virginie à près de 500 km au sud de New York, plan qui se révèlera de loin le plus génial mais dont la pertinence échappait à Washington qui n’en voulait donc pas. En effet, comme le raconte le Général Forray, « c’est le moment de parler de Rochambeau. Agé de 56 ans, ce qui est « vieux » pour l’époque, il a derrière lui une carrière impressionnante : cornette à 17 ans, colonel à 22, brigadier à 31, il a fait toutes les campagnes de la guerre de 7 ans, a été blessé plusieurs fois, a participé à plus de 20 sièges. C’est un homme calme, pondéré, passionné de son métier, très proche de ses soldats » (2). Cette divergence et ce conflit de stratégies entre Washington et Rochambeau sont d’une importance capitale pour l’appréciation objective « des dettes morales et des reconnaissances mutuelles de la France et des Etats-Unis ». Respectueux de l’autorité de Washington comme « Commandant en Chef » de l’Armée américaine, Rochambeau feint donc de se rallier à la stratégie de Washington sur laquelle il avait des doutes, et le 6 juin 1781, le jour même où il mit en mouvement sa troupe de 6 000 hommes pour rejoindre les 9 000 de Washington campant en face de New York, raconte le Général Forray , « Rochambeau confirme par lettre à Grasse son choix de l’option sud, et demande d’embarquer des troupes en partant de Saint-Domingue » ( 2). Ce dernier lui répond dans une lettre datée du 28 juillet pour lui annoncer qu’il quitte Saint-Domingue dans quelque jours pour la baie de Chesapeake, près de Yorktown, avec une troupe de 3 500 hommes. Par cette réponse écrite reçue seulement le 15 août suivant, Rochambeau tenait enfin entre ses mains la carte imbattable lui permettant de remporter la partie de poker que se jouait entre Washington et lui à propos de la stratégie à suivre « en mettant ce dernier devant le fait accompli ». Rochambeau, dont la troupe avait fait la jonction avec celle de Washington à Philippsburg près de New York depuis le 6 juillet au prix d’une marche épique de 350 km, joua donc dès le lendemain la dernière et victorieuse partie du poker avec Washington. Comme on le devine, au dire du Général Forray, « La discussion a, semble-t-il été vive, mais celui-ci a l’intelligence et la capacité de s’adapter aux circonstances. Adieu l’attaque de New York » (2), et cap donc sur Yorktown au pas de charge !

Au prix d’une nouvelle marche héroïque de près de 350 km en 17 jours, la troupe américaine de Washington alors forte de 6 500 hommes et celle française de Rochambeau firent finalement la jonction avec les forces de l’Amiral de Grasse mi septembre à l’entrée de la baie de Chesapeake où ce dernier arriva le 30 août sans rencontrer de résistance de la part des Britanniques, à la tête d’une armada de 24 vaisseaux de lignes et de la troupe promise de 3 500 hommes, ce qui lui permit de faire dès cette date la jonction avec la division américaine de Virginie d’un millier d’hommes commandée par Lafayette. Mais avant de se rendre définitivement maître de Chesapeake et d’établir un blocus maritime autour de la troupe du Général Cornwallis à Yorktown, l’escadre de l’Amiral français dû livrer dans cette baie du 5 au 8 septembre une bataille navale mémorable où il mit en déroute la flotte britannique sous le commandement de l’Amiral Thomas Graves, au prix d’une perte humaine de 220 hommes et de quelques vaisseaux endommagés (2). Après avoir préparé minutieusement le siège de Yorktown avec en particulier l’installation du système français d’artillerie de « dernier cri » dit « de Gribeauval » qui fera le succès des campagnes de Napoléon, et après le conseil de guerre tenu le 17 septembre sur le vaisseau amiral français « Ville de Paris » et réunissant les cerveaux de la bataille de Yorktown qu’étaient Washington, Rochambeau et de Grasse, les forces alliées franco-américaines, alors forte de 17 000 hommes dont près de 10 000 français et le millier d’hommes de la division américaine de Virginie sous le commandement du Général de Lafayette, appuyés par une logistique exclusivement française, déclenchèrent finalement le 28 septembre les hostilités contre l’armée britannique de 8 000 hommes sous le commandement du Général Cornwallis. Enfermé dans le piège d’une souricière, coupé de leur base arrière maritime de New York par l’armada impressionnante de l’Amiral de Grasse, terrassé nuit et jour par les feux de la redoutable artillerie française, le restant de l’armée britannique a choisi de se rendre le 19 octobre 1781 au nombre de 7 252 soldats et 840 marins au cours d’une cérémonie hautement symbolique et riche en couleurs et émotions que décrit avec pittoresque le Général Forray en ces termes : « Dans une clairière, près de Yorktown, les troupes américaines et françaises forment la haie , arrivent les troupes anglaises, drapeaux roulés, tambours battants de façon lugubre, en tête le major-général O’hara, qui remplace son chef Cornwallis incapable de supporter une telle épreuve, vient face aux généraux Washington, Rochambeau, Lafayette. O’hara descend de cheval et présente son épée en direction de Rochambeau. L’aide de camp de ce dernier, Mathieu-Dumas, indique courtoisement la direction de Washington. Les Anglais forment les faisceaux, rendent leurs armes et partent en chantant « The world turned upside down », c’est-à-dire « Le monde tourne à l’envers » ; Scène significative, le geste d’O’hara signifie bien que ce sont les Français qui sont les auteurs de cette victoire décisive, et que c’est à eux que les Anglais souhaitent se rendre. Scène symbolique aussi, c’est Washington qui est le « Commandant en chef ». Quant au chant des « tuniques rouges », il indique le caractère extraordinaire d’une scène où l’on voit les soldats de Sa Gracieuse Majesté se rendre à des insurgés ! » ( 2).

Nous pouvons donc déduire de ce témoignage du capitaine Berthier une observation de la plus haute importance sur « l’histoire officielle » des Etats-Unis : « le tableau officiel américain » du « coup de grâce de Yorktown » qu’est la célèbre peinture de John Trumball de 1787, de la Galerie d’art de « Yale University », connue comme « la reddition du Lord Cornwallis » et montrant le Général Cornwallis sur son cheval entrain de se rendre au Général Washington est une « représentation symbolique et non réaliste » de la réalité historique . De plus, cette « représentation symbolique » d’un des plus glorieux événements de l’histoire des Etats-Unis est loin d’être « fidèle », car représenter une personne entrain de se rendre toisant du haut de son cheval ceux-là même à qui il se rend n’est sûrement pas conforme à ce que l’artiste est sensé représenter. « Une représentation plus fidèle et plus réaliste », provenant elle aussi des sources françaises de l’histoire américaine, venant appuyer la déposition de Berthier et montrant le Général Rochambeau, et non son aide de camp comme on pouvait s’y attendre, invitant le Général O’Hara à présenter son épée au Général Washington, est la gravure de 1784 de l’artiste français François Godefroy, d’après un dessin de 1781 de Jean-Jaques Le Barbier, peintre du Roi de France.

Quant à l’évaluation technique du « coup d’éclat de Yorktown », il importe de souligner la prouesse et même le miracle logistique qu’il représente. En effet comme le fait judicieusement remarquer le Général Forray, « il faut admirer la manœuvre d’ensemble, conduite sans radio, sans satellites ! réunir en un même lieu, au même moment les Français venus de Newport après une marche harassante, leur artillerie rejoignant par la mer, les Américains regroupés devant New York, de Grasse venu de France, embarquant au passage à Saint-Domingue, à 3 500 km de la Virginie 3 500 hommes, malgré la flotte britannique, est un exploit extraordinaire réalisé grâce à l’intelligence de Washington sachant se rallier au plan français, au talent diplomatique et militaire de Rochambeau pour le faire accepter, et surtout, à tout seigneur tout honneur, à l’esprit d’initiative de Grasse ralliant la Chesapeake avec des renforts, et enfin, ne l’oublions pas, à l’endurance et au courage des soldats. Avec les mots d’aujourd’hui, on dirait que ce fut une première en matière de concentration stratégique interalliée et interarmées. La marche elle-même de Newport à Yorktown, condition du succès final, fût un exploit physique et militaire exceptionnel et constitue un remarquable exemple de mobilité stratégique » (2 ).

Pendant cette bataille qui scellera le sort de la « Guerre d’Indépendance » et de la guerre franco-britannique consécutive, les Anglais ont perdu 550 hommes, les Français 253,s’ajoutant donc aux 220 de la bataille navale de Chesapeake, les Américains 130. Mais le bilan des opérations de la « Guerre d’Indépendance des Etats-Unis » sera plus lourd en pertes humaines pour les Français que pour les Américains eux-même. En effet à en croire le Général Forray, sur les 50 000 soldats et marins mobilisés par la France dans cette guerre entre la France et la Grande Bretagne, on compte 6 000 morts et des dizaines de milliers de blessés (2), alors que d’après les chiffres officiels du Département américain aux anciens combattants, sur les 217 000 personnes ayant participé d’une manière ou d’une autre à cette guerre, on compte 4 435 morts et 6 188 blessés (9 ).

Le résumé le plus éloquent et autorisé des « faits irréfutables » de la « Guerre d’Indépendance » des Etats-Unis que nous venons de rappeler est le communiqué officiel, dont nous proposons la traduction suivante, publié le lendemain même du « coup d’éclat de Yorktown » par le Général Washington, l’un des analystes les plus autorisés de ces événements, Commandant en Chef de l’Armée américaine et futur premier président des Etats-Unis d’Amérique, communiqué dont on pourrait se demander si son successeur actuel à la présidence des Etats-Unis connaît l’existence : « Le Général félicite l’Armée pour le glorieux événement d’hier. Les preuves abondantes de l’attachement de Sa Très Chrétienne Majesté (sous-entendu le Roi de France) à la Cause de l’Amérique doivent forcer les esprits les plus égarés dans le camp de l’Ennemi à être convaincu des conséquences positives décisives de l’ Alliance (sous-entendu avec la France) et doivent inspirer à tout citoyen des Etats-Unis les sentiments de la gratitude la plus inaltérable. Sa flotte (sous-entendu de Sa Majesté), la plus importante et la plus puissante qui ait jamais appareillé sur ces mers, sous le commandement d’un Amiral dont la bonne étoile et les talents ont assuré de grands événements, ainsi que Son Armée dont la composition la plus admirable tant en ce qui concerne les officiers que les hommes de troupe sont les gages de Son amitié (sous-entendu de Sa Majesté) envers les Etats-Unis et leur coopération nous a assuré le présent succès retentissant. Le Général à cette occasion prie Son Excellence le Comte de Rochambeau d’accepter ses remerciements les plus reconnaissants pour ses conseils et son assistance en toutes circonstances. Il présente ses remerciements les plus chaleureux aux Généraux Baron Viomenil, Chevalier Chastellux, Marquis de Saint Simont et Comte Viomenil et au Brigadier Général de Choissy (qui avait un commandement à part), pour la manière magistrale dont ils ont fait avancer l’intérêt de notre cause commune. Il demande que le Comte de Rochambeau ait l’amabilité de transmettre à l’armée sous son commandement direct la haute estime qu’il a des mérites distingués des officiers et des soldats de chaque corps, et que le Comte présente en son nom aux régiments du Gattinois et des Deux-ponts les deux pièces d’artillerie en cuivre qu’ils ont capturées, en témoignage de leur bravoure en prenant d’assaut l’Ennemi dans la nuit du 14 octobre, pendant que les officiers et les hommes de troupe rivalisaient entre eux dans l’exercice de chaque vertu militaire. Les remerciements du Général à tous les méritants va à toute l’armée. Mais il pense que le devoir de l’affection et la gratitude ne lui laissent pas le choix de se reconnaître l’obligé des Généraux de division Lincoln, de Lafayette et Steuben pour les qualités exceptionnelles dont ils ont fait preuve dans les tranchées. Au Général Du Portail et au Colonel Carney pour la vigueur et la compétence qui étaient frappantes dans leurs manières de mener les attaques, au Général Knox et au Colonel D’Aberville pour le grand soin, l’attention, la peine avec lesquels ils ont fait progresser l’artillerie et les provisions de munitions et pour la manière judicieuse et inspirée avec laquelle ils l’ont réalisé dans les rangs. Il demande que les personnalités ci-dessus citées transmettent ses remerciements aux officiers et aux soldats sous leurs commandements respectifs … » ( 10)

« Le coup de grâce de Yorktown » porta un coup de grâce à la volonté de la Couronne britannique de poursuivre les hostilité tant avec la France qu’avec les Etats-Unis. Comme le reconnaît l’encyclopédie américaine Encarta, « début mars 1782, la Chambre des Communes autorise l’ouverture de négociations avec les insurgés. Celles-ci restèrent secrètes à la demande des Américains, qui s’étaient engagés auprès de leur allié à ne pas traiter seuls avec l’ennemi commun…Les négociations anglo-américaines aboutirent à la signature du traité préliminaire, le 30 novembre 1782, où le Royaume-Unis reconnaissait l’indépendance totale de ses anciennes colonies et leur abandonnait même tous ses territoires au sud des Grands Lacs jusqu’au Mississipi. » (4). Cette « violation » objective du traité d’alliance entre la France et les Etats-Unis, perçue par les nombreux sympathisants français de la Cause américaine à la cour royale comme parmi les intellectuels comme une « trahison » de l’amitié franco-américaine à peine une année après les « Noces de Yorktown », provoqua de vives indignations en France à partir de décembre 1782 , amorçant un inexorable processus de séparation et d’éloignement mutuel de la France et des Etats-Unis, et confortant dans leur méfiance ceux qui à la cour royale et dans la minorité intellectuelle française de l’époque pensaient des Américains ce qu’écrivait le journaliste populaire de l’époque Pierre-Simon Linguet : « cette nouvelle république douée d’une indomptable énergie et indifférente à toute élévation morale, accumulera puissance et richesse qui finiront par l’ériger en arbitre du destin européen ; elle pourrait même traverser l’Atlantique pour subjuguer le Vieux Continent et en piller les trésors » (11 ).

(...)

Ainsi est-il intéressant de voir à la lumière de l’éthique de Simone Weil comment la France et les Etats-Unis expriment ou devrait exprimer leur reconnaissance mutuelle. Depuis qu’elle a bénéficié du bienfait de la « Libération » de la part des Etats-Unis et des autres Alliés du « Débarquement de Normandie » dont les principaux sont la Grande Bretagne et le Canada, c’est avec une dignité exemplaire que la France « rend hommage » à ses bienfaiteurs et sauveurs par la célébration annuelle, avec tous les dix ans le déploiement de faste auquel nous venons d’assister il y a quelques jours sur les plage de Normandie, de l’événement du 6 juin 1944. Cependant, depuis « l’épopée de Yorktown » jusqu’à ce jour, l’analogue de la part des Etats-Unis d’un hommage public annuel à leurs bienfaiteurs et sauveurs français n’a jamais été exprimé, malgré la reconnaissance officielle par le Père-Fondateur et premier président des Etats-Unis de « la dette morale de la gratitude la plus inaltérable de chaque citoyen américain des Etats-Unis envers la France » au lendemain du « coup d’éclat de Yorktown ». La célèbre et touchante exclamation «Lafayette, nous voici ! » devant la tombe de ce dernier par le Général John Pershing, Commandant en chef de l’impressionnante armée américaine de 1 800 000 hommes ayant contribué de manière décisive à la victoire de la France en 1918, le fait hautement symbolique que la statue de « la Liberté éclairant le monde », le symbole par excellence des Etats-Unis, soit une œuvre commune du sculpteur français Frédéric Bartholdi et de l’ingénieur français Gustave Eiffel, offerte par la France aux Etats-Unis en 1886, et le fait non moins symbolique que deux grandes villes des Etats-Unis, dans les états de Louisiane et de l’Indiana portent le nom de Lafayette, ne sauraient être cet analogue.

Sur la base du traité d’alliance de 1778 que la France a admirablement honoré et que les Etats-Unis ont « déshonoré » à peine quelque mois après « le coup de grâce de Yorktown » en ouvrant dès mars 1782 avec l’Ennemi commun des Etats-Unis et de la France des négociations secrètes et séparées conclues par la signature le 30 novembre 1782 d’un traité de paix préliminaire entre les Etats-Unis et la Couronne britannique (4), sur la base du document historique signé le 20 octobre 1781 par Georges Washington, le premier président des Etats-Unis, ainsi que sur la base du « principe indiscutable de la réciprocité dans les relations diplomatiques entre les états » tout comme dans les relations affectives entre les personnes, les plus hauts responsables des diplomaties américaines et françaises devraient « s’arranger » pour que les Etats-Unis rendent enfin à leurs bienfaiteurs et sauveurs exclusifs français l’analogue avec le même éclat de l’hommage exemplaire que la France rend chaque année à ses bienfaiteurs et sauveurs américains.

Un refus éventuel de cette « réciprocité diplomatique » de la part des Etats-Unis viderait de tout son sens la célébration annuelle par la France du « Débarquement de Normandie » que de notoriété publique le Général de Gaulle ne portait pas dans son cœur. Cela est une « question d’honneur » tant pour les Français que les Américains. A quelques mois des élections présidentielles américaines, il ne nous reste qu’à espérer que la nouvelle administration américaine issue de ces élections saura de concert avec le gouvernement français relever ce défi, un défi d’honneur pour chacune des deux nations indissolublement liées par des liens historiques singuliers, par « des dettes morales mutuelles ineffaçables et des reconnaissances mutuelle inaltérables », découlant d’« une réciprocité historique indéniable », impatiente de devenir « une réciprocité diplomatique indiscutable » et qui fait que « s’il est irréfutable que la France doit la survie aux Etats-Unis , il est tout aussi incontestable que les Etats-Unis doivent préalablement la vie à la France» !


BIBLIOGRAPHIE

(1) Hubert Védrine, Face à l’ hyper-puissance, Fayard 2003, 383 pages

(2) Gilbert Forray, La route de Yorktown, conférence à l’Association des Membres de l’Ordre des Palmes Académiques, Grand salon de la Sorbonne, le 28 février 2003, http://www.asmp.fr/fiches_academiciens/textacad/cluzel/forray.pdf

(3) Patricia Molen Van EE, Library Purchases Manuscript Atlas, Lafayette’s Travels in America Documented, the Library of Congress Information Bulletin, april 2001, http://www.loc.gov/loc/lcib/0104/lafayette_legacy.html

(4) « Indépendance américaine, guerre de l’ », Encyclopédie Microsoft Encarta en ligne 2004, http://fr.encarta.msm.com

(5) Lionel Jospin, La relation franco-américaine, dans Le Débat, numéro 129, mars-avril 2004, pages 4-16, Gallimard

(6) L’histoire, N° 287, Dossier « 6 juin 1944 opération Overlord », mai 2004, p. 56-63, http://www.histoire.presse.fr

(7) Surrender of Lord Cornwallis, painting by John Trumball, 1787, http://memory.loc.gov/learn/features/timeline/amrev/peace/peace.html

(8) Reddition de l’armée du Lord Cornwallis, gravure de François Godefroy, 1784, http://lcweb2.loc.gov/pp/cphAuthors14.html

(9) America’s war, Department of Veterans affairs, November 2002, Office of Public Affairs, Washington, DC, 20420, http://www.va.gov/pressrel/amwars.htm

(10) Georges Washington, The glorious event of yesterday, http://memory.loc.gov/learn/features/timeline/amrev/peace/glorious.html

(11) Ran Halévi, France-Amérique, dans Le Débat, numéro 129, mars-avril 2004, pages 27-48, Gallimard

(12) Simone Weil, La pesanteur et la grâce, Collection 10-18, Plon, 1948

(13) Pascal Adjamagbo, Une analyse des noms de Dieu dans la religion traditionnelle du Sud-Togo, dans Afrique 2000, n. 2, juillet-août-septembre 1990

samedi 15 novembre 2008

Pourquoi Obama a-t-il de grandes oreilles ?

C’est parce qu’il est alsacien, bien sûr ! C’est en tout cas ce que la commune bas-rhinoise de Bischwiller revendique : le président américain descendrait par sa mère de la famille Gutknescht, qui émigra aux Etats-Unis en 1749. On comprend mieux à présent pourquoi le président Bush a failli être victime d’un bretzel fatal en janvier 2002 : c’était un coup de la grand-mère Obama !

http://www.causeur.fr/esch-bin-a-elsaesser,1303

vendredi 14 novembre 2008

Barack, candidat américain...

Tandis qu'un déluge de sottises, d'opportunisme et d'ignorance s‘abat sur la France...

Commentaire politique de Christophe Barbier sur LCI : « Il faut surtout bien écouter, ce matin, le discours de Barack Obama : du 27 juillet 2004, quand il parle à la convention américaine qui investit John Kerry, jusqu‘au 4 novembre 2008, il dit la même chose : “Je ne suis pas un candidat noir. Je ne suis pas un candidat de l'Amérique noire. Je ne suis pas le remords de l'Amérique pour l'esclavage. Je suis Américain et c‘est plus qu‘être Blanc ou Noir !” C'est ce discours-là qu'il faut adapter à la réalité française. Il faut que la communauté noire, tout en étant extrêmement revendicative, tourne le dos à tout discours communautariste pour revenir vers un discours d‘intégration et d‘union nationale ; tourne le dos à tout discours de repentance pour aller vers un discours d‘espérance. C'est ça la leçon Obama »

Dominique de Villepin dans le journal de 13 heures de France 2 du 5 novembre : « Je ne crois pas que la discrimination positive soit la solution. Elle ne l‘est pas aux États-Unis, donc je ne crois pas qu'on puisse transposer des systèmes qui souvent n‘ont pas donné les résultats que l‘on espérait dans le pays même qui les a créés. »


http://puzzledelintegration.blogspirit.com/

mercredi 12 novembre 2008

Jay-Z fête la victoire d'Obama avec Véronique Sanson !

Purepeople.com

Une élection comme celle de Barack Obama ne peut que créer des vagues d’euphorie, et donc de création euphorique !
Ainsi, Jay-Z (qui veut être le prochain maire de New York) et Kanye West chantent (enfin rappent) la victoire de leur démocrate préféré !

Et le morceau qu'ils ont crée s’appelle History, et passe sur toutes les radios américaines. Jay-Z, le mari de Beyonce, rappe sur un sample de Véronique Sanson ! Ce n’est autre que la sublime chanson Une nuit sur son épaule sur laquelle Véronique Sanson et Marc Lavoine chantent en duo.

http://www.dailymotion.com/video/k6HpNpuHyQidKyQ20N

lundi 10 novembre 2008

Mais, c'est qu'ils se croieraient en France...

ou en URSS...?

Heureusement qu'Obama n'est pas encore au pouvoir, on entendrait les pires horreurs.

-------------

GENERAL MOTORS APPELLE À L'AIDE L'ETAT AMÉRICAIN POUR ÉVITER LA FAILLITE

LE MONDE | 08.11.08 |

General Motors (GM) pourrait être à court de liquidités dès le premier semestre 2009. Le spectre de la faillite du numéro un américain de l'automobile était latent depuis plusieurs mois. Ce scénario noir est aujourd'hui plus qu'une simple hypothèse.


Lors de la publication de ses résultats du troisième trimestre, vendredi 7 novembre, GM a multiplié les mauvaises nouvelles : des pertes abyssales, 2,5 milliards de dollars (1,96 milliard d'euros) en net et 4,2 milliards de dollars sur le plan opérationnel. Quant au chiffre d'affaires, il est en recul de 13 % à 37,9 milliards. Mais le plus inquiétant à court terme, c'est le niveau de trésorerie dont GM dispose. "Les liquidités estimées pour le reste de 2008 approcheront le minimum requis pour faire fonctionner l'entreprise. Pour les deux premiers trimestres de 2009, même avec les mesures (de restructuration) prévues, les liquidités tomberont largement au-dessous de ce niveau", a indiqué GM.
En réalité, le premier constructeur américain brûle plus de 1 milliard de dollars de liquidités chaque mois. Entre juin et septembre, elles sont tombées de 21 milliards à 16,2 milliards.
"En tenant ce discours, GM est allé droit au but en implorant une aide", a déclaré à l'agence Bloomberg Pete Hastings, analyste chez Morgan Keegan.

vendredi 7 novembre 2008

Mr Obama and Mr Cheney share a French ancestor


Cheney, Obama 'distant cousins'


They may be polar opposites politically but US Vice-President Dick Cheney and Democratic candidate Barack Obama are related, Mr Cheney's wife says.

Lynne Cheney said she had discovered while doing family research for a new book that her husband and the Illinois senator were eighth cousins.

She said she traced a common ancestor of the two men to be a 17th century immigrant from France.


"This is such an amazing American story that one ancestor... could be responsible down the family line for lives that have taken such different and varied paths."

According to Mrs Cheney's spokeswoman, Mr Obama is distantly related to Mareen Duvall, whose son Samuel married the granddaughter of Mr Cheney's ancestor, also called Richard Cheney.

Mr Obama's spokesman, Bill Burton, responded to the news by saying: "Every family has a black sheep."

http://news.bbc.co.uk/2/hi/americas/7048325.stm

Cheney is a very distant cousin of both Harry S. Truman and Barack Obama; the three share a common ancestor in Mareen Duvall, a Huguenot who fled from France to England in the 17th century and later settled in Maryland.

http://en.wikipedia.org/wiki/Dick_Cheney#Early_life_and_education

jeudi 6 novembre 2008

L'humour d'Obama

Lors de son meeting en Floride le lundi 3 novembre, Barack Obama a pris à part un petit groupe d'invités français. Pour leur faire part de son étonnement: "Si j'étais en France, leur a-t-il dit, je serais déjà élu; là, il va falloir attendre encore un peu. C'est bizarre que je sois aussi populaire chez vous. On me dit que vous avez des problèmes avec les banlieues et que des Noirs protestent. Et l'on me dit que tous les Français, même Blancs, voteraient pourtant pour moi." A propos de McCain qui l'a traité de "socialiste", Obama a fait mine d'interroger ses interlocuteurs français: "Vous, des socialistes, vous en avez. C'est grave, comme maladie?"

Source: Canard Enchaîné, 05/11/08

-------------

Il ne faut pas croire tout ce qu'on te dit sur les banlieues françaises Barack. Elles n'ont rien à envier à South Central ou au Bronx...

mercredi 5 novembre 2008

Extrait discours d'Obama:

"A mon directeur de campagne, David Plouffe, le héros méconnu de cette campagne, qui a bâti la meilleure, la meilleure campagne politique, je pense, de l'histoire des Etats-Unis d'Amérique."

Plouffe: Le nom est porté au Québec, où il est présent depuis le XVIIe siècle. Le premier porteur s'appelait Jean Blouf et venait de Paris. Autres graphies rencontrées : Plouf, Plouff, Ploof, Pluff. Difficile d'en trouver la signification. Disons que Blouf pourrait correspondre à l'ancien français "baloffe" (= balle de blé ou d'avoine, paillasse).

Ces médias français dont les Américains se contrefichent

Des dizaines d’envoyés spéciaux se sont précipités aux USA pour couvrir l’élection présidentielle… dans l’indifférence totale. Impossible d’approcher les candidats !

A événement mondial, couverture médiatique mondiale… Toutes les chaînes françaises ont mis en place un dispositif spécial pour suivre les derniers jours de la campagne présidentielle américaine. Pour France Télévisions par exemple, les quatre éditions du journal de 20H de France 2 du 2 au 5 novembre sont et seront présentées en direct des États-Unis par messieurs Delahousse et Pujadas. France 2 se met aux couleurs de l’Amérique. Même Télématin s’y collera… C’est dire. Son de cloche analogue pour les autres chaînes qui multiplieront émissions spéciales, duplex et autres interviews exclusives. Sauf que les journalistes non-américains en général et français en particulier ont eu le plus grand mal à suivre la campagne américaine. Et cela pour une raison qui a frappé le bon sens des campagnes démocrate (surtout) et républicaine (un peu) : ils informent des gens qui ne votent pas aux États-Unis. Il ne s’agit donc de pas de perdre du temps avec eux.


Philippe Boulet-Gercourt, correspondant du Nouvel Observateur, qui couvre sa quatrième élection américaine raconte : « A l’automne 2007, alors que Barack Obama est à 30 points derrière Clinton, j’ai eu l’idée de faire une bio d’Obama. Pendant deux mois, j’ai tenté d’approcher son équipe pour avoir le feu vert avant d’aller rencontrer ses proches. Après un long silence, j’ai reçu une réponse négative. L’indifférence à l’égard des journalistes étrangers est absolue. Il y a clairement des consignes au niveau national qui rendent les conditions de travail très difficiles. C’était déjà le cas lors de la réélection de Clinton, mais pour cette campagne, le nombre de journalistes étrangers venus couvrir la campagne a considérablement augmenté, rendant probablement difficile le travail des communicants des candidats. Heureusement que sur le terrain, les gens avaient tous très envie de parler. »

« Le pire c’est les conventions »

Dans l’univers merveilleux des meetings, des shows toujours très mis en scène, les surprises sont parfois de mise. Corinne Lesnes, correspondante du Monde aux États-Unis raconte à Bakchich l’indifférence dont la presse étrangère est victime. « Lors de la primaire en Caroline du Sud, j’ai essayé d’approcher David Axelrod, l’un des principaux conseillers d’Obama. Il a tout bonnement refusé de me parler. 20 minutes plus tard, je le retrouvais en train de critiquer Bill Clinton devant quelques blogueurs américains locaux ! C’est dire l’intérêt qu’il porte aux médias étrangers… Malheureusement, il y a une vraie mentalité insulaire ici. Mais je ne me fais pas de soucis, ils sauront nous trouver quand ils auront besoin de nous ».

Il y a peu, la journaliste du Monde racontait sur son blog comment la presse était obligé de cracher au bassinet pour avoir le plaisir d’écouter Barack Obama à Chicago. « Pour la soirée électorale de Barack à Chicago, la presse a le choix entre des “packages”.
 Vous préférez le package super-luxe pour les télés (1870 dollars) ou la formule presse écrite à 935 dollars (prise électrique + chaise au chaud + sandwich).
Il y a bien une possibilité d’avoir une accréditation gratuite. Mais la vue est limitée, il fait froid et on reste debout. »

« Le pire, c’est les conventions », soupire Philippe Boulet-Gercourt. Ainsi, lors de la convention démocrate à Denver, où près de 15000 journalistes étaient rassemblés, alors que les délégués, regroupés par État étaient rassemblés au cœur du stade, les journalistes américains placés plus hauts dans les gradins, les derniers étages étaient gentiment réservés aux journalistes étrangers. Avec l’interdiction formelle pour la presse de quitter leur place.

Canal + de galères

Et parfois, les mésaventures sont telles qu’elles peuvent alimenter un documentaire complet. C’est le cas par exemple pour Laurence Haïm, correspondante aux États-Unis pour i-Télé et Canal +. Les nombreuses difficultés qu’elle a rencontrées ont donné lieu à un documentaire de 55 minutes, « No Access », qui doit être diffusé sur Canal + le lundi 3 novembre. Si elle est la seule journaliste française à avoir obtenu une interview exclusive de 7 minutes de Barack Obama, les rapports avec les divers staffs de campagne se sont révélés plutôt compliqués.


Contactée par Bakchich, la journaliste Laurence Haïm raconte que les galères ne se sont pas arrêtées avec le documentaire. « Le soir du 4 novembre, par exemple, sera un cauchemar absolu pour les télés étrangères. Aucune d’entre elle n’a eu l’autorisation de s’installer à côté de la scène où se situera Obama. 48 positions ont été réservées uniquement pour les télés américaines. Les conseillers de la campagne démocrate estiment que le reste du monde lui est acquis. Et que cela ne sert à rien de perdre du temps à délivrer un message qu’ils pensent, peut-être à juste titre, déjà reçu. Cela fait un mois par exemple qu’Obama n’a pas fait de conférence de presse… »

Il y a quelques temps, dans le Washington Post, un correspondant allemand s’étonnait que pour quelqu’un qui souhaite que les États-Unis renouent avec le reste du monde, il est étrange qu’Obama n’ait jamais accepté de donner une interview à la presse étrangère. « Il y a une vraie discrimination par la nationalité. Les journalistes doivent s’interroger sur leur métier pour savoir à quel point nous pouvons accepter, ou pas, de participer à des opérations marketing. », ajoute quant à elle Laurence Haïm.

Canal + d’ailleurs n’est pas au bout de ses peines. Si l’équipe du Grand Journal, l’émission phare de la chaîne, a décidé un peu dans la précipitation de se déplacer à grand frais à New York pour l’élection, elle a le plus grand mal à trouver des invités sur place, probablement tous réquisitionnés par les télés américaines. La chaîne cryptée a été, par exemple, obligée de faire venir de France des VIP pour l’occasion, comme par exemple Dominique de Villepin. L’Amérique, l’Amérique, je veux l’avoir, et je l’aurai !

http://www.bakchich.info/article5667.html

mardi 4 novembre 2008

Ce que les médias français ne vous disent pas sur Obama

Même si les médias du monde entier ne jurent que par Obama, quelques voix s'élèvent outre-atlantique pour critiquer son opportunisme et le choix du mode de financement entièrement privé de sa campagne qui risque de faire de lui l'otage des lobbies de Washington.

La France vote Obama ! Sans blague. Selon un sondage publié en France le 17 octobre, 69% des personnes interrogées accordaient leurs suffrages au candidat démocrate, seulement 5% à John McCain. Un score soviétique relevant surtout du sondage de notoriété dépourvu de toute signification politique.
Simple détail, les Français ne sont pas appelés à se prononcer.
Alors certes, un seul Obama vaudra mieux que tous les McCain du monde puisque tout le monde le dit.

Posons la question autrement sans tomber dans l'idéalisation de l'homme providentiel. Combien de Français donneraient leur vote à un homme affirmant sa foi en Dieu, favorable à la peine de mort et à la vente libre d'armes, qui a promis de bâtir une nouvelle armée du XXIème siècle forte de 100.000 hommes supplémentaires, sans s'interdire d'envisager une intervention militaire au Pakistan. Certes, le portrait est aussi minimaliste que caricatural, à la mesure des louanges qu'on lui tresse à l'habitude mais il dit aussi à quel point la transposition du duel américain en France est ridicule.

Obama, la créature de Washington:

Heureusement, certains journaux américains n'ont pas attendu pour relativiser le cas Obama. Dans un portrait critique, publié dans Harper's Magazine en novembre 2006, Ken Silverstein croquait Obama en créature, qualifiée de « Washington machine », façonnée sur mesure par les lobbys et les réseaux de communicants, conseils en relations publiques, sondeurs et autres stratèges politiques.

Repris en partie par la revue Le plan B, le portrait « souligne ses liens avec des bailleurs de fonds liés eux-mêmes à de grandes entreprises, ainsi que son opposition à un calendrier impératif de retrait d'Irak. Il rappelle aussi qu'en 2006 Obama a soutenu le sénateur démocrate pro-guerre Joseph Lieberman contre le candidat investi par les militants du parti, Ned Lamont. Mais même les commentateurs de gauche les plus sévères envers Obama omettent souvent les éléments de son passé politique qui contredisent son étiquette d'homme du centre. De son côté, Joe Klein, éditorialiste « ultracentriste » célèbre le sénateur de l'Illinois pour la raison suivante : « Il semble faire preuve d'une volonté presque obsessionnelle de trouver un terrain d'accord avec la droite »

Une campagne financée à 75% par des gros donateurs privés :

Dominique de Villepin appelle, lui aussi, à une certaine prudence: « Obama est séduisant, mais n'allons pas réinventer l'atlantisme s'il était élu! L'Amérique n'est plus le centre de l'Occident qui n'est plus le centre du monde. Obama, comme McCain, défendra les intérêts de son pays, qui ne seront pas exactement les nôtres. Il développe des thèmes sociaux qui renvoient à Roosevelt. Mais il est aussi choisi par des lobbies financiers: la moitié du financement d'Obama vient des grands groupes, de dollars venus de Goldman Sachs... ».

En effet, Obama est le premier candidat de l'histoire des élections américaines qui refuse la subvention électorale de l'Etat fédéral (84,1 millions de dollars) et finance entièrement sa campagne grâce aux donateurs privés. Un coup fatal porté au mode de financement public des élections. Du jamais vu et sans doute un nouveau problème à régler pour le financement des futures campagnes politiques. Pas mal pour un candidat censé incarner la gauche de l'échiquier politique. Barack Obama a beaucoup communiqué sur ses méthodes de financement consistant à s'appuyer sur les petits donateurs privés. Certes, il a récolté 600 millions de dollars au cours de cette campagne, le double des sommes levées par son opposant, selon une enquête du Washington Post.

Simple détail, souvent oublié, les trois quarts de cette somme ne proviennent pas des militants de base mais de grands donateurs, VIP, grandes fortunes, lobbies, entreprises… Les élites du pays qui ne manqueront sans doute pas de se rappeler à
son bon souvenir en temps utile.

Marianne2.