samedi 21 juillet 2012

Paul Krugman

(...)

Et la France, dans quel état est-elle ?

Les déficits budgétaires seront plus importants que prévu, mais ce n’est pas grave. Actuellement, les marchés ne voient pas la France comme un pays à risque. Les taux d’intérêt français à court terme sont bas. Ils sont 100 points de base au-dessus de ceux de l’Allemagne, ce qui n’est pas bon mais constitue un gros progrès par rapport au passé. Les taux d’intérêt sont même négatifs, ce qui me semble excessif, mais prouve que la France n’est pas sous pression financière. Il n’y a donc aucune raison de mener une politique d’austérité. Et l’élection de François Hollande n’a pas entraîné la panique sur les marchés que certains prédisaient. Le différentiel entre les obligations françaises et allemandes n’a pas bougé.

François Hollande doit vous adorer…

Je donne à l’université un cours consacré à l’économie des Etats providence. J’utilise toujours la France comme l’exemple qui montre qu’en économie on peut faire des choix différents. La France et les Etats-Unis ont de nombreux points communs, notamment au niveau de la productivité élevée. Mais la France accorde de longues vacances et des départs à la retraite très avancés. D’où un PIB par tête inférieur de 25 % à celui de l’Amérique. Mais l’économie française fonctionne très correctement, quoi qu’en disent les conservateurs de tout poil.

Que conseillez-vous à François Hollande ?

Il n’a pas beaucoup de marge de manœuvre. Il ne peut pas relancer l’économie par la dépense publique, comme je le recommande pour la Grande-Bretagne et les Etats-Unis [qui ont le contrôle de leur monnaie]. La seule chose qu’il puisse faire, c’est modifier l’équilibre des pouvoirs en Europe. La France doit être du côté des pays qui souffrent. Il faut ressusciter l’empire romain Italie-France-Espagne. L’euro ne sera sauvé qu’au niveau européen.

« Sortez-nous de cette crise... maintenant ! », de Paul Krugman, sort le 5 septembre chez Flammarion.

http://www.parismatch.com/Actu-Match/Economie/Actu/Le-programme-d-austerite-espagnol-n-a-aucun-sens-Paul-Krugman-410902/

vendredi 20 juillet 2012

Google achète une start-up française

La start-up parisienne Sparrow, créatrice d'une application pour iPhone et ordinateurs Mac d'Apple de gestion de messageries, s'est fait acheter par Google. "Nous sommes ravis d'annoncer que Sparrow a été acheté par Google", lisait-on en anglais sur le site de la société fondée par son directeur général Dominique Leca et Hoa Dinh Viet, un ancien d'Apple et d'Amazon, où travaillent cinq personnes au total.

"Nous rejoignons l'équipe Gmail pour mettre en oeuvre une vision plus vaste, à laquelle nous pensons pouvoir mieux arriver avec Google", était-il précisé. "Nous nous réjouissons de faire venir (les employés de Sparrow) dans l'équipe Gmail, où ils travailleront sur de nouveaux projets", a indiqué à l'AFP une porte-parole de Google.
Les applications actuelles de Sparrow devraient perdurer, mais sans bénéficier d'améliorations majeures. Les termes financiers de l'opération n'ont pas été précisés. Sparrow est une application payante, d'abord lancée pour les Mac en 2010 puis les iPhones en début d'année.

http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2012/07/20/97002-20120720FILWWW00583-google-achete-une-start-up-francaise.php

mercredi 11 juillet 2012

Etats-Unis : près d'un demi-siècle de stagnation

Cela fait près de 50 ans que l'Amérique stagne. Un constat sans appel, réalisé par l'économiste Joseph Stiglitz dans une interview pour un documentaire consacré à l'économie de la puissance. C'est ce qu'on pouvait lire dans Business Insider.

"Si l'on regarde le revenu d'un travailleur américain moyen, il n'a pas bougé depuis 1968. Soit près d'un demi-siècle de stagnation." précise le lauréat du Nobel de l'Economie. En cause, une politique inégalitaire qui a renforcé un système inégalitaire au niveau des revenus.

La site de Vanity Fair a publié un extrait vidéo du film, avec pour titre "Joseph Stiglitz explique pourquoi l'Amérique n'est plus une terre d'opportunités". En voici quelques citations.

"Si tout cet argent qui partait vers le haut était le fruit de contributions faites à notre économie, si quand ils [les riches] gagnaient plus, cela rapportait à d'autres personnes également, ce serait une chose. Mais ce n'est pas comme ça que ça se passe, en Amérique".

"L'inégalité en économie se traduit aussi par une inégalité en politique, en particulier dans le contexte américain où le financement de la campagne est très important, où le lobby est très important, ou la porte tournante est très importante. Du coup, nous avons un processus politique qui nous amène à dire: "Non, nous ne pouvons faire ces choses qui sont plus durables"

"D'un point de vue fondamental, la problématique sera de savoir si nous pouvons faire les réformes politiques nécessaires; nous devons faire de sorte que nos politiques s'attellent aux politiques et à aux investissements économiques dont nous avons besoin".

"Nous voyions les Etats-Unis comme une terre d'opportunité. En fait la mobilité et l'opportunité ici est plus réduite que dans n'importe quelle économie avancée. Donc, la notion d'Amérique comme terre d'opportunités a disparu".

http://www.atlantico.fr/pepites/etats-unis-demi-siecle-stagnation-joseph-stiglitz-economie-416726.html

mardi 3 juillet 2012

Le musée d'Orsay récupère la statue de la Liberté du jardin du Luxembourg

AFP

Désormais la statue de la Liberté éclaire aussi le musée d'Orsay: le Sénat a accepté de lui restituer la sculpture fondue en 1889 par le sculpteur Frédéric-Auguste Bartholdi et qui était en dépôt depuis plus d'un siècle dans les jardins du Luxembourg à Paris.

Le musée a installé dans sa grande nef "La liberté éclairant le monde", bronze de 2,85 mètres qui a été restauré pour l'occasion, avec le soutien financier de l'association des American Friends Musée d'Orsay (AFMO).

Une cérémonie célébrant la mise en place à Orsay de la statue, symbole de l'amitié franco-américaine, est organisée lundi soir au musée par le président de l'établissement public, Guy Cogeval, en présence du président du Sénat, Jean-Pierre Bel, et de l'ambassadeur des Etats-Unis en France, Charles Rivkin.

Après l'installation de sa colossale statue de la Liberté à New York en 1886, le sculpteur Bartholdi (1834-1904), de retour à Paris, avait sélectionné un prototype en plâtre de son atelier pour fondre un bronze en l'honneur du centenaire de la Révolution française.

L'Etat a acquis cette sculpture du vivant de l'artiste, en 1900, pour le musée du Luxembourg qui présentait la création de l'époque. Il a payé une somme modique correspondant au coût de la fonte pour l'artiste, raconte à l'AFP Yves Badetz, conservateur en chef en charge des acquisitions au musée d'Orsay.

La statue fut d'abord exposée quelques années au musée du Luxembourg avant d'être installée, en 1906, à la demande de la veuve du sculpteur, dans les jardins du Sénat.

Dès sa création en 1986, le musée d'Orsay, dédié aux arts du XIXe siècle et "héritier" des collections du musée du Luxembourg, a tenté de récupérer cette statue, inscrite à son inventaire. Anne Pingeot, qui était chargée à l'époque des sculptures au musée, s'est notamment démenée pour que cette oeuvre importante soit présentée à Orsay.

Flambeau volé

Pendant plus de vingt-cinq ans le Sénat, majoritairement à droite, a fait la sourde oreille. Peu avant les élections sénatoriales de septembre 2011 - qui ont fait basculer à gauche la Haute Assemblée -, le précédent président du Sénat avait encore rejeté une demande de restitution formulée par le musée, indique M. Badetz.

"Mais quelques jours plus tard, le musée a été informé que le flambeau de la statue venait d'être volé", dit Yves Badetz.

L'élection du socialiste Jean-Pierre Bel à la présidence de la Haute Assemblée le 1er octobre 2011 a changé la donne.

"M. Bel a accepté rapidement la demande du musée lorsque celui-ci l'a représentée", indique-t-on dans l'entourage du président du Sénat. "Il a pensé qu'Orsay était une place idéale pour cette sculpture et par ailleurs des actes de vandalisme sur la statue s'étaient produits ces derniers temps", ajoute cette source.

La statue, après avoir subi un siècle d'intempéries, a été repolie, ce qui lui redonne de la superbe. Son flambeau a été refait.

Le Sénat a fait fondre, à ses frais, une copie qui prendra la place de l'original.

Cadeau de la Troisième République pour le centième anniversaire de l'Indépendance des Etats-Unis en 1876, la gigantesque statue de la Liberté, qui est devenue l'icône de New York, mettra des années à être construite.

Gustave Eiffel réalise la structure métallique sur laquelle ont été rivetées les plaques de cuivre constituant l'oeuvre.

A défaut de pouvoir terminer la statue pour l'anniversaire de 1876, Bartholdi envoie la main brandissant la torche pour l'Exposition de Philadelphie. La tête, fondue, est présentée en 1878 à l'Exposition universelle à Paris. Le colosse est inauguré dans la rade de New York en 1886.

dimanche 1 juillet 2012

The Newsroom, reflet d'une Amérique qui s'interroge sur elle-même

HBO a réussi un coup médiatique avec le premier épisode de sa nouvelle série vedette, The Newsroom. Coïncidence: la même semaine, les médias américains vivent à l'heure des règlements de compte. Après une journée de "couacs" qui fait polémique au sujet de la manière dont les médias ont traité la décision de la Cour Suprême sur la réforme du système de santé américain, beaucoup se refusent à cautionner l'idée d'une réélection gagnée d'avance face à son adversaire Mitt Romney, sans pour autant soutenir ce dernier. Et voici pourquoi.

La diffusion par la chaîne américaine HBO, le 24 juin, du premier épisode de la nouvelle série intitulée The Newsroom, fait des vagues dans le sérail médiatique. Avec plus de 2 millions de téléspectateurs, le score est honorable. Mais l'accueil des professionnels est une autre affaire. Jugée « arrogante » par le Sunshine State News, « au vitriol » par le Los Angeles Time, elle suscite un triple « Bravo » de la part de Slate et un procès en « idéalisme » de la part du Daily Beast. Pour comprendre les raisons d'un tel remue ménage, il suffit de se référer à la toute première scène du feuilleton.

Jeff Daniels incarne Will McAvoy, le présentateur d'une grande chaîne opportunément dénommée ACN, que l'on découvre à l'écran au cours d'un débat télévisé où la polémique fait rage entre deux adversaires politiques. L'un traite avec virulence Obama de « socialiste » et l'autre fustige l'individualisme en assénant que celui-ci « ne construit pas les autoroutes ». La polémique, vive, tourne autour de l'éternel clivage américain autour de la question de savoir quelles sont les préorgatives de l'Etat et celles de l'individu, les deux s'opposant quotidiennement dans l'opinion américaine.

Will McAvoy apparaît perdu dans ses pensées tandis que les deux débatteurs s'étripent, et semble passablement s'ennuyer. Plusieurs fois interpellé par le présentateur de cette émission, il botte en touche, et se trouve accusé de ne jamais prendre position pour ne pas froisser son public. Sommé de prendre position, de dire pour qui il a voté, s'il est démocrate ou républicain, il s'acharne à déjouer l'agressivité du présentateur. Jusqu'au moment où, dans le public, une jeune étudiante invitée à poser sa question, s'adresse aux trois participants de l'émission: « Pouvez-vous dire en une phrase ou moins... (rires) Pardon, vous comprennez ce que je veux dire... Pourquoi les Etats-Unis sont le meilleur pays au monde? » Après un bref silence, la femme qui incarne la défense de la politique d'Obama lance: « Diversité et opportunité ». Son opposant rétorque: « Liberté et Liberté. Que ça reste ainsi. » (Applaudissements). Lorsque son tour arrive, Will McAvoy reprend la même boutade que depuis le début du débat: « Les New York Jets » (une équipe de football américain du New Jersey, NDA). Rires. « Non », rétorque le présentateur à bout d'agacement, « je ne vais pas vous laisser vous en sortir comme ça. Pourquoi les Etats-Unis sont-ils le plus grand pays au monde? » « Eh bien,» répond McAvoy dans une nouvelle pirouette, « comme les deux débatteurs l'on dit, Diversité et opportunité, Liberté et Liberté. » « Vous ne repartirez pas sans avoir répondu », s'irrite le présentateur. Soudain, se sentant dos au mur, Will McAvoy commet la sortie qui va donner le ton de tout le projet télévisé:

« Eh bien, notre Constitution est un chef d'oeuvre. James Madison était un génie. La Déclaration d'indépendance est le plus grand écrit américain. »

Il fait une pause, regarde le présentateur, « vous semblez perplexe », lui lance t-il.

« Un texte juridique et une déclaration de guerre » assène celui-ci. « Je vous demande de l'humanité. Et les gens? »

Avant que le présentateur ne poursuive son interrogatoire, Will McAvoy s'emporte finalement dans un diatribe historique:

« Ce n'est pas le meilleur pays. Voilà ma réponse. »

La caméra balaie un public stupéfait, qui perd son sourire.

« Vous dites... » - « Oui. » - « Passons à... » McAvoy l'interrompt et se tourne vers l'étudiante:

« Sharon, aucun intérêt à subventionner l'Art. Ca nous coûte un centime à chacun mais il (le présentateur, NDA) peut vous charrier avec. Ca coûte des votes, pas de l'argent. Du temps d'antenne, du papier.

« Les gauchistes sont détestés parce qu'ils perdent. S'ils sont tellement intelligents, qu'ils arrêtent de perdre!

« Et vous allez sérieusement dire aux étudiants que les Etats-Unis sont si géniaux qu'ils sont les seuls à être libres?

« Le Canada est libre, le Japon est libre. Le Royaume-Unis, la France, l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, l'Australie, la Belgique, tous sont libres! 207 Etats souverains au monde dont 180 sont libres.

« Vous, l'étudiante écervelée. Si vous vous égarez un jour dans un bureau de vote, vous devez savoir une chose. Il n'y a aucune preuve que l'on soit les meilleurs au monde.

« On est 7ème en alphabétisation, 27ème en calcul, 22ème en science, 49ème en espérance de vie, 178ème en mortalité infantile, 3ème en revenu moyen, 4ème en force de travail et en exportations.

« On mène dans trois domaines: nombre de citoyens incarcérés, nombre d'adultes qui croient aux anges, et pour les dépenses, plus que les 26 pays qui nous suivent réunis, dont 25 alliés.

« Rien de cela n'est dû à une étudiante de 20 ans. vous faites cependant partie de la pire génération, et de loin. Point.

« Alors quand vous demandez pourquoi nous sommes les meilleurs, je ne vois pas de quoi vous jactez. Du parc de Yosemite?

Long silence. La caméra montre un public saisi et une étudiante toujours debout mais choquée et peinant à contenir son sentient d'humiliation et de colère.

« Avant, on l'était, reprend-il d'un ton soudain plus calme, presque las.

« On défendait un idéal. On se battait pour une morale. On faisait des lois avec éthique. On faisait la guerre à la pauvreté, pas aux pauvres. On se sacrifiait. On s'occupait de ses voisins. On utilisait l'argent pour se nourrir et on n'était pas en compétition. on construisait de grandes choses. On faisait des progrès techniques invraisemblables. On explorait l'univers. On guérissait les maladies. On avait les plus grands artistes et la plus grande économie. On visait les étoiles.

« On agissait en hommes. On aspirait à l'intelligence, on ne la dénigrait pas. On ne s'indentifiat pas à notre vote aux dernières élections. On avait moins peur.

« Nous étions capables de tout cela, car nous étions informés. Par des grands hommes vénérés. Avant de résoudre un problème il faut reconnaître son existence.

Les Etats-Unis ne sont plus le meilleur pays au monde. »

« Satisfait? » lance t-il au présentateur, dans un silence de mort.

(...)

http://www.marianne2.fr/obj-washington/The-Newsroom-reflet-d-une-Amerique-qui-s-interroge-sur-elle-meme_a109.html