Les historiens sont souvent dérangés pour un oui ou pour un non puisque la mémoire est devenue un enjeu confondu avec l’Histoire. Mais Robert Paxton n’aurait probablement jamais imaginé être sollicité ès-qualités pour régler un différend urbain. Professeur à Columbia University et pionnier de la nouvelle recherche sur l’Occupation depuis la publication de La France de Vichy en 1973, il vient d’être consulté pour donner son avis sur l’avenir de la “Petain Avenue” à Milltown, New Jersey. Cette artère est ainsi baptisée depuis 1920. Mais depuis quelques temps, ça ne passe plus. Depuis que des habitants des environs, qui savent où se trouvent la France et connaissent un peu son histoire, se sont enquis en passant par là de ce que cela n’honorait pas seulement le héros de la première guerre mondiale mais également l’antihéros de la seconde. Petite leçon d’histoire à la clé, l’affaire a pris des proportions à coup de lettres, pétitions et groupes sur Facebook (”Change Pétain Street !”). Ce qui n’est pas du goût des habitants de l’avenue, soutenus par leur conseil municipal, pour qui Pétain fait d’abord partie de leur propre histoire car certains d’entre eux y sont nés. Naître à Pétain…
Le professeur Paxton a donc rappelé que, selon lui, Pétain n’avait pas été un instigateur mais un complice du crime, qu’il était préférable de le rappeler que de le cacher et qu’il ne soutiendrait donc pas “Change Pétain Street !”. L’affaire aura au moins permis d’apprendre qu’il existe une douzaine de rues ou avenues Pétain aux Etats-Unis. Et qu’une plaque portant le nom de Pierre Laval, datant certes de son passage en qualité de président du Conseil en 1931 (année où Time magazine en fit l’”Homme de l’année”), figure dans le fameux Canyon des héros dans le bas de Manhattan…
http://passouline.blog.lemonde.fr/
http://www.nyskies.org/articles/pazmino/parades.htm
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