Pour faire face aux déficits budgétaires, des villes et des États ont décidé de rogner sur le temps de travail de leurs salariés.
Si vous devez refaire votre permis ou vous marier à la mairie à Las Vegas, évitez le vendredi, les bureaux sont fermés. Depuis ce mois de janvier, la ville a décidé de réduire le temps de travail de ses employés à 38 heures par semaine contre 40 auparavant. Ils ne travaillent donc plus que quatre jours, du lundi au jeudi, de 7 heures à 17 h 30, soit 9 heures et demie d'affilée. La police, les pompiers, les prisons et quelques autres services restent, eux, ouverts le vendredi.
L'Amérique s'est-elle "frenchisée" en se convertissant aux vertus des 35 heures ? Pas tout à fait. Si Las Vegas réduit le temps de travail, c'est avant tout pour faire des économies. La ville fait face à un déficit budgétaire estimé à plus de 47 millions de dollars causé par la crise économique et la baisse des revenus fiscaux. Elle cherche donc par tous les moyens à réduire ses coûts. Or, le passage aux 38 heures devrait limiter les dépenses liées aux salaires, mais aussi à l'électricité, au nettoyage, à la climatisation ou encore à l'essence des véhicules de fonction... Soit des économies estimées à 2 millions de dollars en 2011 et à 22 millions sur les deux années suivantes. Accessoirement, mais ce n'est pas l'argument principal, cette mesure devrait aussi protéger les emplois en réduisant la masse salariale. "Nous espérons que cela nous aide à éviter les licenciements massifs", résume un des responsables de la ville.
Las Vegas n'est pas la seule à rogner sur le temps de travail pour faire des économies. Partout sur le territoire américain, des villes ou des États confrontés à des déficits colossaux se mettent à la semaine raccourcie. Pasadena en Californie a ainsi imposé les 35 heures à ses employés municipaux quand l'Utah est, depuis 2008, le premier État à expérimenter la semaine de quatre jours - mais toujours à 40 heures - pour tous ses employés. Le gouverneur de l'État du Nevada a mis son veto à la dernière minute à une semaine de quatre jours. À San Francisco, le maire voulait limoger les 17.000 employés et les rembaucher avec des contrats de 37,5 heures contre 40 heures auparavant. Mais les syndicats s'y sont opposés. Ils ont dû toutefois accepter 12 jours de chômage technique non payés, ce qui devrait permettre d'économiser 100 millions de dollars.
Les critiques dénoncent les journées de travail très longues, qui plombent la productivité et la qualité de vie des employés. Mais une étude de l'expérience en Utah a montré que les salariés sont ravis de ce week-end de trois jours et que l'absentéisme a baissé. Quant au public, il semble s'y être résigné et s'est rabattu sur les services en ligne. Financièrement en revanche, les résultats de l'Utah sont plus mitigés. L'État estime qu'il a économisé environ 500.000 dollars la première année en termes d'énergie, bien moins que les 3 millions anticipés...
http://www.lepoint.fr/monde/les-etats-unis-aussi-ont-leurs-35-heures-10-01-2011-128644_24.php
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