AFP
Il est vrai que Schwarzenegger, ancien "Monsieur Univers" originaire d'Autriche, amateur de cigares et de grosses voitures, tranche singulièrement avec l'austère et fragile Herman Van Rompuy, passionné de poésie japonaise et de retraites religieuses, qui préside aujourd'hui le Conseil européen.
L'idée que l'acteur américain Arnold Schwarzenegger puisse briguer la présidence de l'Union européenne suscite un mélange de franche hilarité et de malaise à Bruxelles, car elle renvoie à l'Europe l'image de la faiblesse de ses nouvelles institutions.
"Ca m'a bien fait rigoler", confesse l'ancien Premier ministre belge Guy Verhosftadt et chef de file des libéraux au Parlement européen.
Il est vrai que Schwarzenegger, ancien "Monsieur Univers" originaire d'Autriche, amateur de cigares et de grosses voitures, tranche singulièrement avec l'austère et fragile Herman Van Rompuy, passionné de poésie japonaise et de retraites religieuses, qui préside aujourd'hui le Conseil européen.
"Conan le barbare" et "Haiku Herman": le rapprochement des surnoms des deux hommes suscite des sourires dans les institutions européennes.
L'idée d'une candidature de l'acteur de 63 ans, qui s'interroge sur son avenir politique après deux mandats de gouverneur de la Californie, a été lancée par son ancien chef de cabinet, Terry Tamminen.
"Dans les prochaines années, l'Union européenne va devoir se trouver un président de plus grande envergure, quelqu'un capable d'unifier l'Europe", a-t-il affirmé au magazine américain Newsweek.
Une vision très américaine qui "témoigne d'une méconnaissance totale de l'Europe", déplore Guy Verhofstadt.
"J'aime bien Arnie, c'est un personnage, mais il n'a manifestement pas compris que le président de l'UE n'est pas élu. Il est coopté après un marchandage de maquignons entre les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 pays", rappelle l'eurodéputé britannique eurosceptique Nigel Farage, chef de file des pourfendeurs de l'Union européenne.
"Arnold Schwarzenegger n'aurait aucune chance, car ses mandataires veulent absolument une personnalité terne", indique Peter Cleppe, du centre de réflexion bruxellois Open Europe.
Point besoin de charisme pour l'élu, "il est au service des dirigeants de l'UE et ne préside rien d'autre que leurs réunions, sans aucun pouvoir de décision", dit-il.
Le poste de président est tout nouveau. Il a été créé fin 2009 pour donner un visage à l'Union européenne, mais le candidat un temps soutenu par la France, l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, a été recalé.
Sa famille politique --la gauche sociale-démocrate-- était devenue minoritaire dans le club des dirigeants de l'UE, son image était ternie par son engagement en faveur de la guerre en Irak et sa forte personnalité faisait de l'ombre à de nombreux dirigeants européens.
Pour éviter la nomination d'une trop forte personnalité, la fonction a été redimensionnée, explique Peter Cleppe.
Aucune des personnalités nommées à la tête des institutions européenne n'émerge désormais, selon lui. La chef de la diplomatie Catherine Ashton peine à s'affirmer et Herman Van Rompuy préfère rester en retrait.
"Le problème c'est qu'on a encore trop de numéros de téléphones en Europe. C'est un peu difficile à comprendre de l'autre côté de l'Atlantique", déplore Guy Verhofstadt. Allusion au "who do I call if I want to call Europe?" de Kissinger.
C'est même devenu une blague. "L'Union européenne, c'est un répondeur avec un message préenregistré: si vous voulez connaître sa position sur tel ou tel évènement, tapez 1 pour la France, 2 pour l'Allemagne, 3 pour le Royaume Uni", a confié à l'AFP en rigolant un ministre européen, en faisant jurer de ne pas le citer.
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