lundi 9 décembre 2019

Le Dompairois qui imagina et dessina les plans de Manhattan

Depuis des décennies, les descendants de Joseph François Mangin, né à Dompaire, se font un point d’honneur à réhabiliter le parcours de leur ancêtre dont le nom est intimement associé au plan de Manhattan, mais aussi à la construction de bâtiments incontournables de New York tels que le City Hall (N.D.L.R : l’hôtel de ville) et l’ancienne cathédrale Saint-Patrick. Un devoir de mémoire repris et entretenu aujourd’hui par l’un d’entre eux : Thibaud Leroy. Dans un livre intitulé « L’homme qui imagina Manhattan », coécrit avec le biographe Edmond Varenne et richement documenté, il livre un récit haletant sur la trajectoire de celui à qui il aura fallu près de deux siècles pour que les autorités américaines finissent par reconnaître sa contribution à l’essor de New York. À le lire, des manœuvres torves ont failli « assassiner sa mémoire ». Sans « des recherches efficaces et pertinentes de plusieurs historiens de la ville » au XXe  siècle, la part prise par Mangin « dans la construction de plusieurs monuments et surtout l’influence qu’il a pu avoir sur le plan d’extension de la ville sur l’île de Manhattan », n’aurait pu être reconnue. En 2003, le maire de New York, Michael Bloomberg, finira par inaugurer une plaque devant le City Hall qui rend enfin à Joseph François Mangin sa paternité sur cet édifice.

De « bonne et noble roture »

Mangin était le fils d’un chirurgien de Dompaire, dévoré par l’obsession de se constituer un patrimoine immobilier. Un père parti trop tôt, à l’âge de 48 ans. Pour le jeune garçon de 14 ans, cette disparition n’est pas sans conséquence. Sa scolarité, il la poursuivra à Nancy. Collège, baccalauréat, il enchaîne par des études de droit avant de se lancer « sans trop de conviction dans un office d’avocat au parlement de Nancy ». Le jeune homme issu de « bonne et noble roture » comme il se plaira à se qualifier plus tard, se rapproche d’une belle et jolie fille délurée à qui il fera un enfant. Peut-être pour rompre, il s’installera à Baccarat et puis, à la suite de discussions solaires, lui vint l’appel du large. Un espoir irrépressible de partir faire fortune à Saint-Domingue où il accoste le 7 décembre 1784. Rejoint par son frère Charles Nicolas, pendant 10 ans, les Mangin multiplieront les métiers : gestionnaires de plantation, arpenteurs, soldats mais principalement bâtisseurs. Une vie faite de péripéties qui les conduira à New York. Le plus jeune finira par revenir en France, le plus vieux terminera dans le dénuement le plus total et on perdra sa trace à partir de 1818.
Aujourd’hui, grâce à Thibaud Leroy, à sa grand-mère aussi, Marie-Thérèse Laurent, qui a exhumé les correspondances des deux frères, les Mangin s’apprêtent à nouveau à être honorés. « Nous sommes en discussion avec le maire de Dompaire pour apposer sur l’actuelle poste, un magnifique bâtiment de la famille Mangin, une plaque leur rendant hommage », indique Thibaud Leroy.

jeudi 10 octobre 2019

Histoire — 10 octobre 1818, destruction du Champ-d’Asile, État français fondé sur le sol américain

Après la seconde chute de Napoléon, quelques soldats français, que la proscription ou le désespoir chassaient de leur patrie, allèrent se réfugier en Amérique. Un acte du congrès législatif des États-Unis leur accorda quatre-vingt-douze mille acres dans le territoire d’Alabama, sur le Mohilé et le Tombeck-Bee, à raison de deux francs l’acre, payables en quatorze ans, sans intérêt, pour y former une colonie. Chaque soldat devait y recevoir une part de terre correspondante à son grade : mais en touchant le sol étranger, la plupart des exilés s’étaient trouvés dans la position la plus difficile, et dans un dénuement absolu.

Un séjour de quelques mois à New York, à Philadelphie, à Boston, les avait constitués débiteurs envers leurs hôtes. Des spéculateurs américains profitèrent de la circonstance et offrirent aux Français de leur acheter, à vil prix, les terres à eux concédées : ceux-ci, n’ayant pas la liberté du choix, acceptèrent, et cédèrent tous leurs droits.

François-Antoine Lallemand, l’un des deux bonapartistes
fondateurs de la colonie française

Il en résulta que la colonie naissante se composa, pour les sept huitièmes, d’Américains, tandis que, dans le plan primitif, on ne devait y admettre que des Français. Quelques-uns de ceux qui avaient vendu leurs terres se rendirent à Galveston, où le général Humbert s’était établi ; d’autres, au nombre de cent cinquante à trois cents, allèrent, sous la direction des généraux Lallemand (François-Antoine et son frère Henri), fonder une colonie purement française, à dix ou douze lieues ouest de Galveston, entre les rivières de la Norte et de la Trinité, dans un territoire abandonné de la province du Texas, et dont la possession était incertaine entre les Espagnols, les Indiens et les Américains.

Le produit de la vente des terres de l’Alabama et quelques avances faites par les chefs de l’entreprise firent les frais de l’expédition et de l’établissement. Arrivés sur ce territoire, qu’ils appelèrent du nom de Champ-d’Asile, les exilés se donnèrent un gouvernement militaire, se distribuèrent en cohortes, dont chacune avait son chef, et dans lesquelles on ne pouvait admettre que des Français, ou des hommes qui eussent servi dans l’armée française. Dans le partage des terres, chaque officier eut vingt arpents, avec tous les instruments nécessaires au défrichement.

Champ-d’Asile : travaux des colons pour l’établissement de leur ville. Estampe de Charles-Abraham Chasselat (1782-1843) gravée par Joseph-Claude Pomel

Peu de jours après leur établissement, ils publièrent un manifeste, où, se déclarant état indépendant, ils annonçaient qu’ils respecteraient les nations voisines, mais qu’ils étaient disposés à se défendre au péril de leur vie contre toute agression injuste. Ce manifeste grossit encore le nombre des réfugiés. La fertilité du sol, la douceur du climat, et le voisinage d’une rivière favorisaient l’essor et la durée de leur colonie : mais ils n’avaient point de femmes pour adoucir les ennuis de l’exil ; ils étaient peu habitués aux rudes travaux du défrichement. Une centaine d’esclaves qu’ils avaient achetés désertèrent chez les sauvages : le découragement se répandit parmi les colons. D’ailleurs, leur arrivée avait excité, surtout chez les Espagnols du voisinage, des inquiétudes que leur manifeste n’était pas propre à dissiper. Le bruit se répandit que les réfugiés du Texas entretenaient des correspondances avec les mécontents du Mexique.

Le vice-roi de ce pays, Apodaca, résolut de détruire cet établissement, ainsi que celui de Galveston. Six ou sept cents Espagnols, conduits par le général Castenada, se présentèrent devant Galveston, qui fut évacué. Les colons du Texas, encore mal établis, divisés, découragés, assaillis par les Indiens, abandonnèrent le Champ-d’Asile, qui n’eut ainsi qu’une existence de quelques mois. Plusieurs Français retournèrent dans l’Alabama, où ils s’établirent et fondèrent une ville.

http://www.xn--pourunecolelibre-hqb.com/2019/10/histoire-10-octobre-1818-destruction-du.html

mercredi 8 mai 2019

Hollywood a réécrit l'histoire

"5,5 millions de soldats allemands sont morts entre 1939 et 1945, dont 4 millions face à l'armée soviétique. Il y a eu 9 millions de soldats soviétiques tués contre 400 000 soldats américains", rappelle l'historien Dominique Lormier, invité du Soir 3 mardi 7 mai.
(...)
Sur l'épisode du Débarquement, les Américains ont eu tendance à tirer la couverture à eux. "Hollywood a passé sous silence le rôle des autres alliés. Le débarquement en Normandie était composé à 60% de troupes canadiennes, britanniques et des forces françaises libres. Le débarquement de Provence est composé à 60% de troupes françaises", assure Dominique Lormier.
"La force de frappe du cinéma américain a fait croire à 80% des Européens que les États-Unis étaient les uniques sauveurs contre l'Allemagne hitlérienne", conclut-il.