mercredi 1 juillet 2020

Face à John Wayne qui ne veut pas mourir, le changement démographique et l'argent des progressistes


Sur John Wayne, les démocrates veulent débaptiser l’aéroport John-Wayne de comté d’Orange, en Californie (anciennement bastion républicain avant le changement démographique de ces 50 dernières années), en raison des prises de position « racistes » de l’acteur.

Éric Zemmour : « John Wayne est le symbole de l’homme blanc et patriote, qui défie les minorités ! »


Chronique d’Éric Zemmour du Figaro sur le livre d’une jour­na­liste fran­co-amé­ri­caine et l’Amé­rique de Trump : un ouvrage qui ne res­semble pas du tout à ce qu’on pou­vait craindre.




Long­temps, elle a été comme les autres. Jour­na­liste, donc de gauche, for­cé­ment de gauche ; chef de bu­reau de Ra­dio France à Wa­shing­ton, cette ba­rou­deuse ac­com­plie (Af­gha­nis­tan, Chine, Afrique du Sud, etc.) s’iden­ti­fiait à ses confrères, pour la plu­part dé­mo­crates ; fran­çaise, elle se rê­vait Amé­ri­caine, se­lon un pro­ces­sus im­pé­rial dé­crit ad­mi­ra­ble­ment par Ré­gis De­bray. Un mo­dèle ac­com­pli de confor­misme. Quand elle ac­quiert en­fin sa pré­cieuse na­tio­na­li­té amé­ri­caine, Lau­rence Si­mon croit avoir at­teint son Graal ; elle en­tame son che­min de Da­mas. Elle nous le dé­crit avec une rare hon­nê­te­té et un pro­fes­sion­na­lisme jour­na­lis­tique qu’on ne peut que louer, ce qu’on ne fe­ra pas pour son style, ex­ces­si­ve­ment re­lâ­ché et par­lé.

Mais l’in­té­rêt du fond l’em­porte sur la mé­dio­cri­té de la forme : Lau­rence Si­mon nous montre une Amé­rique qui res­semble de plus en plus à la vieille Eu­rope et en par­ti­cu­lier à la France, le plus sou­vent pour le pire, et ra­re­ment le meilleur. Notre jour­na­liste fran­co-amé­ri­caine nous dé­crit la mort an­non­cée de l’Amé­rique de Toc­que­ville, cette Amé­rique blanche, chré­tienne, très chré­tienne, fon­dée sur les va­leurs du tra­vail et de la li­ber­té, pour être rem­pla­cée par une Amé­rique de plus en plus athée, de plus en plus ca­tho­lique et mu­sul­mane, au dé­tri­ment des pro­tes­tants, de moins en moins blanche, de plus en plus so­cia­liste, de plus en plus gou­ver­née par le po­li­ti­que­ment cor­rect, de plus en plus do­mi­née par les « mi­no­ri­tés » eth­niques et sexuelles, qui bé­né­fi­cient d’un fi­nan­ce­ment mas­sif de mil­liar­daires pro­gres­sistes dont So­ros est la tête de proue — et la tête de Turc des po­pu­listes — mais loin d’être la seule. Ain­si la Fon­da­tion Car­ne­gie avait-elle dé­pen­sé en 2003 100 mil­lions de dol­lars pour dé­fendre l’im­mi­gra­tion (lé­gale et illégale).

C’est une des ca­rac­té­ris­tiques amé­ri­caines : l’ar­gent coule à flots pour l’ex­trême gauche, qu’elle soit im­mi­gra­tion­niste, fé­mi­niste, LGBT, ou car­ré­ment is­la­miste. Toutes ces or­ga­ni­sa­tions, sou­te­nues par les bo­bos d’outre-At­lan­tique, ont noyau­té les uni­ver­si­tés, les mé­dias, et uti­lisent la jus­tice pour faire taire et rui­ner leurs ad­ver­saires. Comme en France. Plus qu’en France. La ri­chesse des do­na­teurs et l’ins­ti­tu­tion­na­li­sa­tion des lob­bys, qui trans­forment la quête de voix en achats de voix, fa­vo­risent les riches (les do­na­teurs) et les bien or­ga­ni­sés (les mi­no­ri­tés). Dans le pays d’Oc­ci­dent qui fut le plus ré­tif au so­cia­lisme et au mar­xisme, le po­li­ti­que­ment cor­rect a conquis de haute lutte l’hé­gé­mo­nie cultu­relle dont par­lait Gram­sci. Lau­rence Si­mon n’hé­site pas à mettre en cause Ba­rack Oba­ma icône dans les mé­dias fran­çais — et les in­fluences so­cia­listes, voire com­mu­nistes, qui ont nour­ri sa jeu­nesse mi­li­tante.

Cette femme si mo­derne dé­nonce sans fard l’évo­lu­tion des mou­ve­ments fé­mi­nistes. Ayant in­ter­viewé avant sa mort la Si­mone de Beau­voir amé­ri­caine, Bet­ty Frie­dan, elle ose rap­pe­ler qu’« en pri­vé, comme dans ses écrits, elle ex­pri­mait sur le tard ses craintes de voir le mou­ve­ment fé­mi­niste in­ves­ti par les les­biennes [et désormais les hommes trans, voir le président de la Fédération des femmes du Québec...], au nom de l’in­clu­sion, mais aus­si au risque de l’ex­clu­sion des autres femmes. L’his­toire lui a don­né rai­son ».

Cette triple ré­vo­lu­tion dé­mo­gra­phique, idéo­lo­gique, so­cio­lo­gique est en train de trans­for­mer la gauche amé­ri­caine. Le Par­ti dé­mo­crate trouve un charme nou­veau aux thèses so­cia­listes, mais pas seule­ment : le fé­mi­nisme, l’ho­mo­sexua­lisme, voire le tran­sexua­lisme agres­sifs forment un couple bi­zarre et pa­ra­doxal avec la mon­tée en son sein de l’is­la­mo-gau­chisme, et son frère de lait, l’an­ti­sé­mi­tisme. Il­han Omar siège voi­lée à la Chambre des re­pré­sen­tants. Les uni­ver­si­tés amé­ri­caines sont ar­ro­sées par la manne fi­nan­cière dé­ver­sée par l’Ara­bie saou­dite et le Qa­tar. Dès l’école pri­maire, l’en­doc­tri­ne­ment pro­gres­siste prend le pas sur l’ins­truc­tion.


Mais le plus tra­gique, et le plus poi­gnant, est le ta­bleau qu’elle des­sine de l’Amé­rique blanche : un dé­clin dé­mo­gra­phique qui s’ac­com­pagne d’un dé­clin pro­fes­sion­nel, so­cial, sa­ni­taire, et même sexuel. Un vé­ri­table dé­sastre : « Par­mi les pays riches, les É.-U. ont le taux de mor­ta­li­té in­fan­tile le plus haut et l’es­pé­rance de vie la plus basse. (…) Un en­fant sur cinq a faim et quatre sur cinq sont mal nour­ris (sans ou­blier la dépendance mé­di­cale aux opia­cés) (…). Le ni­veau de tes­to­sté­rone a chu­té dans les pays de l’Ouest et sur­tout chez les hommes blancs de la classe ou­vrière et de la classe moyenne. (…) Les chances des en­fants de la classe moyenne de faire mieux que leurs pa­rents ont chu­té de 90 à 50 %, mais les re­ve­nus des Amé­ri­cains les plus riches ont plus que tri­plé. » Entre 1999 et 2014, aug­men­ta­tion de 43 % des sui­cides chez les hommes blancs et 10 % des hommes blancs de 25 à 54 ans n’ont plus de tra­vail.

Chiffres en ra­fale qui s’ex­pliquent par une double po­li­tique née dans les an­nées 1960 : d’une part, une ou­ver­ture mas­sive à l’im­mi­gra­tion ve­nue du monde en­tier, alors qu’elle était li­mi­tée, jus­qu’en 1965, à ceux ve­nus d’Eu­rope ; une mise en œuvre des mé­thodes de dis­cri­mi­na­tion po­si­tive en fa­veur des Noirs, puis des femmes, qui s’est trans­for­mée au fil des an­nées en une po­li­tique de dis­cri­mi­na­tion pure et simple des hommes blancs, même très qua­li­fiés, au pro­fit des femmes, sur­tout si elles ap­par­tiennent à une mi­no­ri­té eth­nique.


Cette double pression conduit la majorité blanche à devenir minoritaire dans son propre pays et les hommes blancs hétérosexuels à devenir des citoyens de troisième catégorie au pays de John Wayne.

On aura compris que les progressistes auront ramené l’Amérique à la guerre des sexes, et à la guerre des races, et à la guerre des classes. On aura compris que le vote Trump aura été le dernier cri de ces « hommes blancs des classes populaires » (et souvent de leurs femmes) qui refusent de mourir. On aura compris que notre journaliste non seulement comprend, mais approuve ce sursaut vital. On aura compris que cette course de vitesse contre le temps et la mort de l’Amérique blanche donne au mandat de Trump une couleur tragique, bien loin des insultes dont il est abreuvé et des clowneries dont il est coutumier.

Les bobos américains
de Laurence Simon
paru le 1 juillet 2019
aux éditions Balland
à Paris,
540 pagesISBN-13 : 978-2940556274
Présentation de l’éditeur

Les Français n’ont pas le monopole du Bobo, ni du Coco. Bobos Sans Frontières est une organisation à but lucratif qui a traversé l’Atlantique depuis longtemps. Ses membres américains sont honteux d’être américains et veulent désespérément ressembler aux français (du 6e arrondissement de Paris, ou de l’Ile de Ré.) Ils ont donc décidé d’entrer en résistance. Il n’y a pas de décalage horaire entre les bobos français et les U.S. bobos qui louent le système socialiste. Les résistants français se battaient contre les troupes allemandes au péril de leurs vies. Foin de ce détail pour les bobos américains qui jouissent, dans une démocratie certes imparfaite, du droit d’expression le plus libre au monde. Les élites gauchistes formées à Yale et Harvard, à force de blâmer les péquenots et de défendre des minorités radicalisées ont poussé la frange modérée des États-Unis à refuser de voter pour Hillary Clinton en 2016. L’élection de 2020 ne se présente pas beaucoup mieux pour les bobos, surtout avec une économie qui repart et des « affaires » qui se dégonflent.