mardi 2 février 2010

Obama boude l'Europe

AFP

La Maison-Blanche a annoncé lundi que le président américain n'avait pas l'intention de se rendre au sommet bilatéral programmé les 24 et 25 mai à Madrid. Loin d'être anodine, cette décision pourrait même avoir pour conséquence l'annulation pure et simple de la réunion qui se tient une fois par an et au plus haut niveau. C'est un camouflet pour le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, qui avait fait de ce sommet une priorité de sa présidence de l'UE. Selon des sources à Madrid, la rencontre serait reportée au deuxième semestre de cette année.

Officiellement, la présidence américaine évoque des "problèmes de calendrier" pour justifier l'absence de Barack Obama. Mais en réalité, cette décision vient renforcer les craintes des dirigeants européens, qui s'inquiètent d'un début de marginalisation de la relation transatlantique par rapport à celle que veulent forger les Etats-Unis avec toute la zone Asie-pacifique. Et alors même que Barack Obama se recentre sur ses priorités intérieures. L'absence du président américain à Berlin en novembre dernier aux commémorations des 20 ans de la chute du Mur, n'était déjà pas passée inaperçue dans l'UE. Pas plus que son peu d'intérêt apparent pour le précédent sommet UE/Etats-Unis le même mois à Washington : Barack Obama n'y était resté qu'une heure et demie avant de s'excuser.

Nouvelle ère


L'UE est aussi sortie traumatisée de la conférence sur le climat de Copenhague en décembre, où le président américain a préféré négocier directement avec la Chine et l'Inde un accord a minima. Barack Obama a manifestement du mal à s'y retrouver face à la multitude de représentants de l'Union européenne à chaque rencontre. Il l'avait laissé transparaître lors d'un sommet UE-USA à Prague en avril 2009, et les nouvelles institutions du traité de Lisbonne ne risquent pas de simplifier la situation. L'UE se retrouve en effet avec un président permanent, Herman Van Rompuy, la présidence tournante changeant tous les six mois, sa chef de la diplomatie, Catherine Ashton et le président de la Commission européenne.

Un peu plus d'un an après l'obamania qui avait déferlé sur une Europe soulagée du départ de George W. Bush et séduite par l'avènement d'un partisan d'une diplomatie multilatérale, les tensions sont palpables. Les Etats-Unis sont déçus du peu d'engouement des pays européens pour envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan ou accueillir des détenus de Guantanamo. En Europe, les pays de l'Est proches de la Russie ont été échaudés par l'abandon du projet initial de bouclier antimissile, qu'ils ont perçu comme une volonté de faire du rapprochement entre Washington et Moscou une priorité à leurs dépens. L'UE dans son ensemble assiste à un changement d'ère.

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