mardi 30 mars 2010

Dîner du 30 Mars: Pourquoi la France jouit-elle d’un tel traitement de faveur ?

Le couple Sarkozy sera invité à dîner à la Maison-Blanche le 30 mars. Un honneur rarement accordé, qui laisse perplexe la presse britannique. De quoi vont-ils parler, alors que Nicolas ne peut pas aligner plus de trois mots en anglais ?


Nicolas Sarkozy et Barack Obama accompagnés de leurs épouses respectives à Strasbourg lors de la célébration des 60 ans de l'OTAN, le 3 avril 2009
Après plusieurs cruelles déceptions, le rêve du président français de supplanter la perfide Albion dans le cœur de l’Amérique est en passe de devenir réalité. Le 30 mars, Nicolas et Carla Sarkozy auront l’immense privilège de dîner avec Barack et Michelle Obama dans leurs appartements privés de la Maison-Blanche. L’invitation est assez rare pour être mentionnée. Rappelons que Gordon Brown et Angela Merkel ont eu à se contenter d’une simple conversation dans le Bureau ovale. L’inusable Sarkozy est donc tout excité à l’idée de pouvoir enfin passer le sel au couple le plus célèbre de la planète. Bien avant l’élection d’Obama, il avait fait fonctionner à plein régime ses réseaux diplomatiques pour essayer de s’attirer les faveurs du futur président. Au début, ce ne fut pas une réussite. Les clichés de Sarkozy, juché sur la pointe des pieds pour ne pas paraître trop petit à côté d’Obama, lors d’un sommet de l’OTAN en mars 2009 ont été une première humiliation, mais le coup le plus dur était encore à venir. En juin 2009, le chef d’Etat américain a en effet refusé de dîner à l’Elysée pour emmener Michelle au restaurant.

Après tant d’occasions ratées, le dîner du 30 mars est accueilli à Paris comme un succès diplomatique. Le président américain jouit d’un statut de héros dans les banlieues françaises, et c’est sans doute ce qui plaît tant à Sarkozy. Mais, pour les diplomates français, cette rencontre n’est pas seulement l’occasion pour Sarkozy de remonter dans les sondages. L’Iran, l’Afghanistan et la crise économique sont autant de sujets à aborder. Pourtant, malgré tous les efforts de Carla, Nicolas Sarkozy parle mal anglais. Il a récemment accueilli Hillary Clinton sur le perron de l’Elysée en s’excusant, parlant de la météo, du bad time [“mauvais temps” dans le sens de “mauvais horaire”] au lieu du bad weather. Or, contrairement à leurs époux, les femmes sont très complices. Ainsi, non seulement elles feront la conversation, mais elles risquent aussi d’accaparer toute l’attention. Depuis leur entrée sur la scène politique, les sommets internationaux sont devenus de vrais défilés de mode, leurs tenues étant inlassablement commentées par les médias.

Ce tapis rouge déroulé à Sarkozy risque de faire grincer des dents à Londres – depuis toujours le plus sûr allié des Etats-Unis en Europe. Pourquoi la France jouit-elle d’un tel traitement de faveur ? La volonté d’un rapprochement franco-américain était devenue, selon certains, une obsession pour Sarkozy. Mais les Américains y étaient peu réceptifs, méfiants envers lui. Déçu par la froideur d’Obama, Sarkozy a alors laissé libre cours à sa rancœur, critiquant la faiblesse du président américain lors des pourparlers sur le climat. Dépité, il est allé chercher du réconfort auprès de la Russie. Il a accueilli début mars le président Medvedev à Paris, et accepté de vendre quatre navires de guerre au Kremlin. Ce rapprochement avec Moscou n’a pas pu échapper à Washington. Oui, à y regarder de plus près, les hommes pourraient bien avoir autant de choses à se dire que leurs femmes.

The Sunday Times

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