samedi 3 mai 2008

La France, caniche des puissants ou voix des opprimés?

Par Edouard Husson, historien, qui considère la France à une fourche de son histoire. Soit elle saura s'émanciper de la suprématie américaine et proposer un nouvel ordre mondial, soit elle perdra ses idéaux et son libre-arbitre à suivre sans courage les USA.

Il se peut que l'Iran ait franchi, mardi 29 avril 2008, le point de non-retour du point de vue américain. Un haut fonctionnaire du Ministère iranien du Pétrole a annoncé que désormais son pays ne facturerait plus aucune transaction pétrolière en dollars, uniquement en euros ou en yens . L'Irak a été détruit pour avoir fait une annonce du même type en 2000. La question de la défense d'Israël ou celle des armes de destruction massive pèsent peu, aux yeux des Américains, à côté de la seule garantie matérielle subsistante d'un dollar toujours plus dévalué. L'Iran est le deuxième pays producteur de l'OPEP et les Américains, en pleine crise financière, se sentiront particulièrement menacés par un adversaire qui sait où sont leurs points vulnérables. Il n'est pas étonnant qu'on recommence à parler d'une attaque américaine contre l'Iran à l'été.

Si les Américains déclenchaient un conflit contre l'Iran, on basculerait définitivement dans un autre monde, vingt ans après la chute du Mur de Berlin. La communauté des nations se polariserait définitivement entre ceux qui accompagneraient les Etats-Unis dans une folle tentative de maintenir leur mainmise impériale et ceux qui se coaliseraient pour faire émerger un nouvel équilibre mondial. De quel côté la France se situerait-elle? Si l'on en croit l'attitude du président Sarkozy depuis son arrivée au pouvoir, la France choisirait les Etats-Unis, au risque de perdre la confiance de tous ceux qui attendent qu'elle élève la voix pour tracer les contours d'un ordre international fondé sur la justice et la paix - ce que Jaurès et de Gaulle ont su faire, chacun à leur époque.

(...)

Marianne2.fr

Aucun commentaire: