samedi 19 mai 2012

Le libéralisme, une haine française

Mathieu Laine est l’un des rares intellectuels français libéraux. Il explique pourquoi ce courant de pensée est autant rejeté dans notre pays.

A vos yeux, qui était le candidat le plus libéral de cette campagne présidentielle ?

Il n’y avait aucun candidat libéral dans une campagne qui a atteint des sommets de démagogie et qui flattait deux bas instincts humains : la peur et l’envie. L’antilibéralisme était même le seul point commun des dix candidats. Un peu comme si la France pouvait penser son avenir sans prendre conscience que nous vivons dans une société ouverte, que les modèles sociaux sont mis en concurrence, que les personnes et les capitaux peuvent aisément franchir les frontières. Quel archaïsme de la pensée ! Je suis heureux que cette campagne soit terminée pour que la réalité reprenne ses droits.

Pourquoi le libéralisme est-il considéré en France comme une sorte de maladie honteuse ?

Les Français n’aiment pas le libéralisme parce qu’ils ne le connaissent pas ! Ils pensent, tout d’abord, qu’il est anglo-saxon, alors qu’il est très largement né en France. Le libéralisme émerge vraiment au XVIIIe siècle sous la plume de Boisguilbert, Condorcet, Turgot, Montesquieu et Voltaire. Il connaît ensuite un “âge d’or” dans la première moitié du XIXe siècle autour des figures de Say, Bastiat, Constant et Tocqueville. Nous ne sommes donc pas que les héritiers de Colbert et de Rousseau ! Ensuite, beaucoup de Français le voient comme un anarchisme. S’il est vrai que certains auteurs ont poussé leur raisonnement jusqu’à l’anarcho-capitalisme (l’Américain Murray Rothbard par exemple), l’immense majorité des libéraux, d’Aron à Hayek, accorde un rôle non négligeable à l’État.

(...)

Dictionnaire du libéralisme, par Matthieu Laine, Larousse, 720 pages, 28,50 €.

http://www.valeursactuelles.com/actualit%C3%A9s/soci%C3%A9t%C3%A9/lib%C3%A9ralisme-une-haine-fran%C3%A7aise20120507.html

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